Avec notre envoyé spécial à Bruxelles, Achim Lippold
« Le monde est plus sûr et plus juste quand l'Europe et les Etats-Unis sont unis ! » Cette déclaration du président américain à l’issue du sommet entre son pays et l’Union européenne a de quoi chauffer le cœur des Européens. En 2010, Barack Obama avait encore boudé une rencontre similaire avec les dirigeants de l’Union. Mais il semble redécouvrir les vertus des liens transatlantiques.
Le président des Etats-Unis s'est exprimé ce mercredi devant 2 000 personnes au sein du Palais des Beaux-Arts. Il a rendu un vibrant hommage à l'Europe et à ses valeurs universelles de démocratie, de liberté d'expression et de paix. Des valeurs acquises après des siècles de conflits sur le vieux continent, a-t-il souligné. Et des valeurs qu'il faut défendre, selon lui. Car il estime qu'elles sont menacées par la politique russe actuelle, une annexion « illégale ». Moscou n'a pas le droit de dicter son avenir à l'Ukraine, considère-t-il.
« Nous ne sommes pas dans un scénario de guerre froide »
Barack Obama l'a réaffirmé : « Oui, nous croyons à la démocratie, aux élections libres, à une justice indépendante et des partis d’opposition, aux informations non censurées, aux droits des personnes de faire des choix librement. » Et de confirmer que l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord est prête à défendre tous ses Etats membres. Un message bien sûr destiné aux Etats baltes et à la Pologne : « Nous allons toujours remplir nos obligations selon l’article 5 du traité de l’Otan, à savoir défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de nos alliés. Les Etats membres de l’Otan ne seront jamais seuls. »
Cependant, « nous ne sommes pas dans un scénario de guerre froide », a tenu à préciser M. Obama. Et il revient avant tout aux jeunes de choisir un avenir meilleur, et surtout de le construire, a-t-il dit dans son discours, qui a été très applaudi, surtout au début, lorsque le chef d'Etat a déclaré qu'il était facile d'aimer un pays comme la Belgique, connu pour sa bière et son chocolat. Les propos de Barack Obama n'ont d'ailleurs pas eu l'air d'émouvoir Vladimir Poutine, puisque depuis ce mercredi matin, les drapeaux russes sont hissés sur les unités militaires de Crimée et la Russie continue de renforcer ses troupes à la frontière.
Menace de nouvelles sanctions en cas d'escalade décidée par Moscou
Ce discours était la dernière étape bruxelloise de la tournée du président américain, qui se poursuivra jeudi en Italie auprès du président Napolitano et du pape François. Mais on peut dire que l'étape belge de M. Obama aura été riche en temps forts. Lors du sommet du jour entre les Etats-Unis et l'Union européenne aussi, avant son discours, le cas ukrainien a dominé les débats. L'occasion pour les participants de réaffirmer que les Etats-Unis et l'Europe sont unis face à la Fédération russe. Mais aussi l'occasion de défendre l'idée d'une intégrité territoriale ukrainienne.
Lors d'une conférence de presse, organisée à l'issue de ce sommet express (qui n'a duré qu'une heure et demie déjeuner compris), le président Obama et les dirigeants européens, dont le président de la Commission José Manuel Barroso, ont une nouvelle fois menacé Moscou de sanctions économiques, notamment dans le secteur énergétique, en cas de nouvelle escalade. Le chef de l'Etat américain s’est par ailleurs entretenu avec le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen.
« Rassurer les pays qui se trouvent aux frontières orientales de l’Otan »
Avant cette rencontre, Barack Obama a par contre critiqué le choix de ses alliés européens d'avoir réduit leurs dépenses militaires, alors qu'il souhaite lui aussi en faire de même en diminuant les effectifs de l'armée américaine. « Si nous avons mis en place une défense collective, cela veut dire aussi que chacun doit y contribuer, considère M. Obama. Et je suis inquiet par la réduction des dépenses militaires chez certains de nos partenaires au sein de l’Otan. Pas tous, mais beaucoup ! »
Et de préciser : « Je comprends qu’en situation de crise économique, les budgets militaires soient revus à la baisse. Mais la situation en Ukraine nous rappelle que notre liberté a un prix. Et nous devons payer le personnel, les armes et les formations pour que les forces armées de l’Otan constituent une défense crédible et dissuasive. Je pense que cela contribuerait à rassurer les pays qui se trouvent aux frontières orientales de l’Otan. »
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