Turquie: la menace syrienne, argument électoral d’Erdogan

Alors que les élections municipales du 30 mars approchent, l’armée turque a annoncé dimanche avoir abattu un chasseur syrien qui aurait pénétré de plus d’un kilomètre en territoire turc, ignorant les avertissements ; un autre avion avait lui, fait demi-tour. Cet incident a immédiatement été utilisé parmi les arguments de la campagne, le chef de l’opposition social démocrate déplorant les tentatives de « récupération politique ».

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

L’occasion était trop belle pour Recep Tayyip Erdogan d’annoncer en direct à ses partisans réunis en meeting électoral le succès des pilotes turcs : « Si vous violez notre espace aérien, notre punition sera encore plus lourde », a-t-il lancé en direction de l’armée syrienne. A une semaine d’un scrutin local crucial, cet avertissement militaire est décidément bien venu pour rappeler que « la Turquie est forte », comme le disait le Premier ministre il y a quelques jours en parlant… de la fermeture du site Twitter.

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D’autant qu’une attaque terroriste syrienne sur une autoroute frontalière a fait 3 morts jeudi parmi les forces de sécurité turques, et qu’une faction jihadiste menace de prendre possession du tombeau de Suleyman Shah, gardé par des soldats turcs en territoire syrien.

Crédibilité

La défense du drapeau national est d’ailleurs le thème du clip de campagne du parti de la Justice et du Développement. Mais en Turquie plusieurs voix se sont élevées pour douter de la crédibilité de cette prétendue violation de la souveraineté turque, si opportune en période électorale. Le pilote rescapé du Mig-23 syrien abattu a en tout cas affirmé avoir été descendu alors qu’il se trouvait à 7 kilomètres à l’intérieur de l’espace aérien syrien.

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