En Turquie, Recep Tayyip Erdogan en campagne

A une semaine d'un scrutin local souvent qualifié de crucial pour le parti de gouvernement en place depuis l'automne 2012 et secoué par une série de scandales depuis 3 mois, la campagne électorale bat son plein en Turquie. Lors d'un meeting, samedi 22 mars, le Premier ministre, 36 heures après l’interdiction de Twitter, n’a pas commenté ce qui a été qualifié d’atteinte grave à la liberté d’expression par la communauté internationale, il a focalisé ses attaques contre ses adversaires réels ou présumés : une confrérie islamiste qui n’est même pas dans la course électorale.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

Recep Tayyip Erdogan n’en démord pas : il est victime, lui, son gouvernement, son parti, l’Etat tout entier même et surtout ce qu’il appelle « la volonté nationale », autrement dit ses électeurs qui lui donnent sa légitimité, d’un vaste complot.

De la part de « véritables maîtres chanteurs », a-t-il lancé à ses sympathisants. D'après lui, ils ont « moins recommandables encore que les Ashashins » du Coran, ces mercenaires violents et incontrôlables, souvent drogués, dont le nom a donné le terme « assassins ».

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« Vous verrez, bientôt ils publieront des écoutes pirate du Président de la République », promet encore le Premier ministre, obsédé par l’épouvantail de cet « Etat parallèle » qu’est pour lui la confrérie Gülen, longtemps son allié au pouvoir et qui aujourd’hui pourrait vouloir causer sa perte.

Attaques contre l'opposition démocrate

Profitant de son meeting près de la frontière syrienne, le Premier ministre n’a pas manqué l’occasion de stigmatiser l’opposition social démocrate du CHP, majoritairement alévie et donc supposée proche du pouvoir alaouite syrien de Bachar el-Assad.

Mais en dehors de cela rien, toujours rien sur les allégations de corruption révélées via internet, et qui chaque jour s’étoffent de nouvelles écoutes téléphoniques mises en ligne sur la toile. Et pas un commentaire non plus sur la censure décrétée par son gouvernement contre les sites diffusant ces accusations. Pour M. Erdogan, la réponse sera au fond des urnes dans une semaine.

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