Avec notre envoyé spécial en Crimée, Daniel Vallot
C’est le 9 mars dernier que son calvaire débute. Alors qu’il se rend avec un autre militant à une manifestation pro-Ukraine, Andreï Shikhun est arrêté par la police qui le remet à des miliciens pro-russes. Les mains liées, les yeux bandés, le coordinateur de la campagne Euromaidan en Crimée affirme avoir été torturé, dès son premier interrogatoire.
« Ils m’ont installé sur une chaise, ils m’ont attaché les pieds et les mains, ils ont placé des fils électriques et ils ont commencé à me poser des questions, raconte Andreï Shikhun. Ça a duré quarante minutes. Ils ont branché l’électricité deux fois. A un moment j’ai quasiment perdu conscience, ils m’ont débranché et ils m’ont frappé à coups de pied à la poitrine et dans les côtes. »
Privé de sommeil
La détention d’Andrei Shikhun va durer dix jours. Dix jours durant lesquels il restera les yeux bandés, privé de sommeil, craignant à tout moment de subir de nouveaux sévices.
« Les gens qui nous gardaient, se présentaient comme des soldats de l’armée de Crimée. Mais ceux qui nous interrogeaient, je pense que c’étaient des agents du FSB, les services de renseignement russes. C’étaient des bêtes féroces avec leur façon de parler. Je suis presque sûr que c’étaient des Russes. »
Pour Andreï Shikun, sa détention avait pour objectif de l’empêcher de faire campagne contre le référendum, mais aussi de semer la panique dans les rangs de l’opposition. Aujourd’hui, dit-il, ils ont gagné sur les deux tableaux : la Crimée fait partie de la Russie, et plus personne là-bas n’ose militer contre le pouvoir en place.