Avec notre correspondant au Vatican, Antoine-Marie Izoard
Le pape François a d’abord écouté la liste interminable de 842 victimes innocentes de la mafia, lue par plusieurs de leurs proches. Le pape avait le visage fermé et grave. Il priait.
Puis il a pris la parole devant les familles, il leur a confié sa « solidarité », les a remerciées pour leur « témoignage », avant de s’adresser, a-t-il dit, « aux grands absents » de cette soirée : les mafieux.
« S’il vous plaît, changez de vie, convertissez-vous, arrêtez de faire le mal », a demandé le pape d’un ton particulièrement grave avant de poursuivre : « La vie que vous vivez ne vous donnera pas de bonheur… Le pouvoir, l’argent que vous avez maintenant, de tant d’affaires sales, de tant de crimes mafieux, c'est de l’argent ensanglanté, du pouvoir ensanglanté, et vous ne pourrez pas les emporter dans l’autre vie ».
Et le pape de lancer encore cet appel aux mafiosi : « Convertissez-vous, il est encore temps, pour ne pas finir en enfer ! »
Quant au père Luigi Ciotti, fondateur de l’association antimafia Libera, il a pointé du doigt l’attitude parfois tiède de l’Eglise envers la mafia, faite « d’excès de prudence », de « silences » ou de « mots de circonstances ». Mais il a aussi rappelé l’engagement des papes contre le crime organisé ainsi que la lutte de nombreux prêtres et évêques contre ce fléau.