L'indépendance de la Crimée sera reconnue rapidement par la Russie dans un accord intergouvernemental, autrement dit avec les autorités de Crimée, écrit notre envoyée spéciale permanente à Moscou, Murielle Pomponne. Le président du Parlement russe, Serguei Narychkine, va même plus loin ; il ajoute que la Douma prendra « rapidement » toutes les mesures nécessaires pour permettre un rattachement de la Crimée à la Russie. Le président russe Vladimir Poutine s'exprimera d'ailleurs mardi 18 mars devant le Parlement russe sur la Crimée.
Pour Serguei Narychkine, l'Ukraine doit respecter et comprendre les résultats du référendum, et il souligne que l'Ukraine reste un partenaire. Mais quel partenaire ? On peut commencer à se faire une idée à travers les propos du ministre des Affaires étrangères, M. Lavrov. La Russie a en effet proposé aux Européens et aux Américains les mesures que devraient prendre les Ukrainiens eux-mêmes pour sortir de la crise.
« Statut militaire et politique neutre »
Y figure notamment « la nécessité pour les hommes politiques ukrainiens de prendre leurs distances vis-à-vis des ultra-nationalistes », l'imposition du russe comme deuxième langue officielle en Ukraine, et enfin, que l'Ukraine ait « un statut militaire et politique neutre garanti par la Russie, l'Union européenne et les Etats-Unis et soutenu par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU ».
Ainsi, l'Ukraine ne pourrait pas devenir membre de l'Otan, ni de l'Union européenne. Ce serait une « finlandisation » de l'Ukraine. Un pays neutre, surveillé de près par Moscou.
Une Europe prudente
L’Union européenne (UE), dit notre correspondant à Bruxelles Pierre Benazet, décide, ce lundi 17 mars, de sanctions relativement restreintes, issues de l’arsenal classique généralement utilisé, à savoir le gel des avoirs détenus dans l’UE et interdiction de visas pour l’Union.
Les ambassadeurs des vingt-huit capitales à Bruxelles ont établi dimanche soir à huis clos une liste assez large, de plus d’une centaine de personnes. Dans un premier temps, cette liste sera ramenée ce lundi à une vingtaine ou une trentaine de noms, des Russes ou des Criméens qui ont soutenu le rattachement ou organisé le référendum.
Réaction en deux temps
Les Européens cherchent en fait à mettre en place une réaction en deux temps avec des sanctions limitées ce lundi, destinées d’abord à démontrer leur détermination politique tout en maintenant la possibilité d’un dialogue avec Moscou.
Mais, sans signe concret de désescalade de la part du Kremlin, la liste des personnes visées pourrait être étendue lors du sommet européen de la fin de la semaine. Il pourrait même y avoir des sanctions économiques. Sur cette question, les négociations entre Européens seront difficiles car ils sont divisés entre ceux qui craignent, à l’instar des Baltes, le précédent d’un retour à l’ordre soviétique et ceux qui dépendent largement des importations d’hydrocarbures russes.
Crimée: des conséquences immédiates
Une fois annoncés les résultats officiels du référendum sur le statut de la Crimée, les autorités séparatistes de Simferopol ont annoncé toute une série de mesures, dont certaines ont un caractère plutôt symbolique et d'autres sont bien plus concrètes.
Ainsi, la péninsule de Crimée passera le 30 mars à l'heure de Moscou, deux heures de plus qu'à Kiev. Le rouble devient la monnaie officielle et la hryvnia ukrainienne ne pourra être utilisée, en parallèle, que jusqu'au 1er janvier 2016. Les 85 députés du Parlement de Crimée se sont prononcés à l'unanimité pour la nationalisation de tous les biens de l'Etat ukrainien se trouvant sur le territoire de la péninsule.
Les premières visées sont les entreprises pétrolières et gazières, mais les séparatistes contrôlent déjà la majeure partie de toutes les infrastructures de la région, la Poste, les bâtiments officiels et le siège de la télévision. Les unités militaires ukrainiennes présentes en Crimées sont dissoutes et leur personnel a le choix entre quitter la région ou bien continuer à y résider et s'enrôler dans les forces armées de la Crimée en prêtant serment d'allégeance. Le document adopté par le Parlement de Simferopol précise que les lois ukrainiennes ne s'appliquent plus en Crimée et que les autorités de Kiev n'y exercent plus aucune autorité.