Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
Avant même que les résultats soient connus, la Maison Blanche avait déjà publié un communiqué rejetant le référendum considéré par les Etats-Unis comme « illégal » et « contraire à la Constitution ukrainienne ».
Un peu plus tard, Barack Obama en personne a téléphoné à Vladimir Poutine pour lui exprimer sa désapprobation. Il lui a dit que Washington et la communauté internationale ne reconnaitraient jamais le référendum survenu « sous la contrainte de l’intervention militaire russe ». Tout en laissant la porte ouverte à une improbable solution diplomatique, il a prévenu son homologue russe qu’en coordination avec les Européens, les Etats-Unis étaient préparés à imposer des sanctions supplémentaires contre la Russie.
S'assurer que Poutine ne pousse pas ses pions plus loin
Interrogé sur NBC, Dan Pfeiffer, conseiller d’Obama a déclaré que le président russe était maintenant à un carrefour. « Va-t-il continuer à s’isoler encore plus, s'est-il interrogé, à affaiblir son économie encore plus, à diminuer l’influence de la Russie dans le monde encore plus, ou va-t-il prendre la bonne décision ? »
Selon les analystes, si les Etats-Unis continuent de négocier avec Moscou et n’ont pour le moment pas appliqué de sanctions directement à la Russie, c’est que même s’ils doutent que l’annexion de la Crimée puisse maintenant être évitée. Ils veulent s’assurer que Poutine ne poussera pas ses pions plus loin en tentant de mettre la main sur l’est de l’Ukraine, où les russophones sont majoritaires.
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Visite de Joe Biden en Pologne et en Lituanie
Le vice-président américain Joe biden est attendu ce lundi 17 mars en Pologne, puis en Lituanie, où il rencontrera les chefs d’Etat des trois pays baltes (Lituanie, Estonie et Lettonie). Il sera bien sûr question de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Les États-Unis souhaitent confirmer à ces partenaires de l’Otan leurs engagements collectifs en matière de défense.
L’inquiétude grandit dans les pays voisins de l’Ukraine. En témoigne la décision de la Pologne, de la République tchèque, de la Slovaquie et de la Hongrie, de renforcer leur stratégie de défense commune. Ces quatre pays, réunis depuis la chute de l’URSS au sein du groupe de Visegrad se sentent particulièrement vulnérables, en raison de leurs liens économiques avec Kiev et, pour les trois frontaliers, de la présence de minorités de leurs pays sur le territoire ukrainien.
Ils ont donc signé vendredi un pacte militaire et annoncé la création d’une petite unité de combat commune au sein de l’Otan. Le vice-président américain vient leur réaffirmer son soutien, tout comme aux pays baltes également inquiets. Plus d’un tiers de la population de la Lettonie, notamment, est russophone.
Mais cette initiative des pays de Visegrad ne se fonde pas sur une réelle menace militaire de Moscou, selon le spécialiste Florent Parmentier. Elle s’explique plutôt par une triple volonté : rappeler à la Russie qu’il y a des lignes rouges à ne pas franchir, rassurer les populations intérieures, et signifier aux grands voisins de l’Ouest, Grande-Bretagne en tête, qu’ils doivent prendre leurs responsabilités. Enfin, il s'agit d'envoyer un message clair et ferme à Vladimir Poutine.
La semaine dernière, le Pentagone a annoncé le renforcement des exercices militaires conjoints, et du matériel militaire a été livré à Varsovie.