Avec nos envoyés spéciaux à Simferopol, Richard Riffonneau et Daniel Vallot
Le bureau de vote installé dans un dispensaire médical est quasiment vide. Au bout d’un quart d’heure, une électrice se présente : elle fait partie des rares habitants russophones de ce quartier à majorité tatare.
Emmitouflée dans son manteau d’hiver, elle dit avoir voté pour le rattachement à la Russie, sans craindre de conséquences négatives pour ses voisins tatars : « Les Russes et les Tatars s’entendent très bien. Moi, je travaille avec des Tatars et il n’y a aucun problème. Je ne crois pas que les Tatars devraient avoir peur. Nous avons juste besoin de croire qu’un avenir meilleur est possible. »
« Ce qui est en train de se passer, c’est l’inconnu »
Loin des bureaux de vote, c’est au marché que les Tatars du quartier se retrouvent en ce jour de référendum. Comme les autres membres de sa communauté, Lila refuse de participer au scrutin. Et comme les autres, elle s’inquiète à l’avance pour son avenir. « Quand je suis arrivée ici, l’Ukraine m’a acceptée, confie-t-elle. Il y a eu des hauts et des bas, mais au final, nous avons pu vivre correctement. Avec ce qui est en train de se passer, c’est l’inconnu. Et moi, je voudrais que les choses restent comme elles sont. »
Pour tenter de convaincre les Tatars de soutenir le rattachement, les autorités pro-russes se sont engagées à défendre leur langue et leurs coutumes. Mais ces promesses, visiblement, ne les ont pas convaincus de se rendre aux urnes.
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