Crimée: salve commune de sanctions européennes et américaines

L’Union européenne et les Etats Unis ont annoncé, à quelques minutes d’intervalle, de nouvelles sanctions contre Moscou ainsi que contre d'anciens responsables ukrainiens, ce lundi 17 mars 2014. Dans l’après-midi, le président américain Barack Obama a menacé la Russie de continuer sur cette voie s'il n'y a pas un changement d’attitude du Kremlin.

Les sanctions annoncées ce lundi 17 mars épargnent le président russe Vladimir Poutine mais frappent l'entourage immédiat du maître du Kremlin, notamment depuis le camp américain. Le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine, la présidente de la Chambre haute du Parlement de Moscou, Valentina Matvienko, ainsi que deux proches conseillers de Vladimir Poutine voient leurs éventuels avoirs gelés aux Etats-Unis, tout comme deux élus de la Douma, la Chambre basse du Parlement russe.

Au total, onze personnes sont visées par les sanctions américaines, dont le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch, un de ses conseillers et les deux leaders séparatistes de Crimée, Sergueï Axionov et Vladimir Konstantinov. Et Barack Obama a prévenu que d'autres sanctions pourraient être imposées, notamment contre Moscou, si la Russie ne changeait pas de cap. « Si la Russie continue son ingérence en Ukraine, nous sommes prêts à prendre des sanctions supplémentaires, a menacé le président américain. Mais je pense qu’il y a toujours un moyen de résoudre cette situation par la voie diplomatique, d'une façon qui répond aussi bien aux intérêts de la Russie que de l'Ukraine. »

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Amusement des Russes

Les personnalités concernées précisent généralement qu'elle n'ont pas de biens à l'étranger, et que les restrictions de visas leur importent peu. Pour la présidente du Conseil de la fédération, il s'agit de « chantage politique sans précédent », ajoutant  qu'« aucune menace ne l'intimide ».

Le vice-président de la Douma évoque « un scénario prévu » qui ne sert qu'à « faire du bruit dans les médias ». Pour lui, les sanctions visent « des hommes politique responsables qui s'opposent au régime pro fasciste de Kiev ».

Certains préfèrent manier l'ironie. Ainsi le vice-Premier ministre Dmitri Rogozine s'est exclamé sur twitter : « Enfin la reconnaissance internationale ! » Un membre du conseil de la fédération affirme de la même manière que « le groupe de gens dans lequel je me retrouve [lui] convient très bien ! »

Enfin pour l'éminence grise du Kremlin, Vladislav Sourkov, c'est « un grand honneur et une reconnaissance de [ses] services à la Russie ». Il ajoute que « la seule chose qui [l']intèresse aux Etats-Unis, c'est le rap de Tupac Shakur, la poésie d'Allen Ginsberg et la peinture de Jackson Pollok. Je n'ai pas besoin de visa pour avoir accès à ces oeuvres ! »

Une situation inédite depuis 1991

Côté européen, des sanctions ont été prises pour six mois renouvelables contre treize responsables russes, et huit Ukrainiens pro-Russes auxquels on reproche d'avoir porté atteinte à la souveraineté de l'Ukraine. « Je crois que les sanctions sont des mesures sérieuses et que personne ne les prend à la légère. Nous ne souhaitions pas arriver là et privilégions le dialogue et des solutions diplomatiques. Mais les atteintes claires au droit international hier [dimanche, NDLR] lors du référendum en Crimée, ou plus exactement lors du soi-disant référendum, nous ont conduits à adopter ces mesures, a déclaré ce lundi la chancelière allemande Angela Merkel lors d'une conférence de presse commune avec le président du Conseil italien, Matteo Renzi.

Je me réjouis que l'Europe ait parlé d'une seule voix et que l'Union européenne soit également unie pour plaider la cause d'une mission de l'OSCE dont nous avons, je crois, besoin. Cette unité est également nécessaire afin de promouvoir de nouvelles initiatives diplomatiques qui constituent la seule issue possible de ce conflit ».

Ce sont des sanctions inédites depuis 1991 mais les analystes estiment qu'il en faudrait davantage pour faire plier le président russe Vladimir Poutine. Selon Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l'Institut Thomas Moore, les sanctions touchent certes des personnalités « du premier cercle » mais ne devraient pas s’arrêter là.

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