Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour
Cette réunion du Conseil de sécurité a semblé être une tentative presque désespérée pour convaincre la Russie de ne pas commettre l’irréparable en annexant la Crimée. Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk s’est adressé directement en russe à l’ambassadeur de Russie.
« Je suis convaincu que les Russes ne veulent pas la guerre a-t-il plaidé. Et j’espère que le président russe entendra son peuple et reprendra le dialogue pour résoudre ce conflit. »
De l’autre côté de la table, l’ambassadeur russe Vitaly Churkin répond, impassible : « la Russie ne veut pas la guerre et je suis sûr que les Ukrainiens non plus. » Mais l’ambassadeur russe a défendu le droit à l’autodétermination de la Crimée.
Appel à la raison
Dans le camp occidental, le français Gérard Araud lance un appel à la raison à la Russie. « Je joue assez mal aux échecs, mais je vois surtout l’amateurisme du joueur qui ne résiste pas à la tentation de prendre la tour, mais perd ainsi la partie. La Russie gagnera la Crimée, elle y perdra sa crédibilité. »
Les Occidentaux veulent mettre au vote une résolution déclarant illégal le référendum de Crimée. Même si la Russie met son veto, ils comptent sur une abstention de la Chine pour souligner au moins l’isolement de Moscou.
Rencontre entre Kerry et Lavrov à Londres
Le chef de la diplomatie américaine et son homologue russe se rencontrent à Londres ce vendredi 14 mars, alors que la Russie ne semble pas avoir évolué d’un iota sur sa position.
Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio
John Kerry et Serguei Lavrov se sont parlé presque tous les jours depuis le début de la crise en Ukraine, mais ce lien, maintenu par téléphone, entre deux hommes qui se connaissent bien, ne semble pas avoir fait avancer les choses. Le secrétaire d’Etat américain arrive donc à Londres après avoir, une nouvelle fois mis en garde la Russie contre toute annexion de la Crimée, mais sans signe de désescalade de la part de Moscou.
Le G8 semble redevenir le G7, mais malgré la menace d’isolement, Vladimir Poutine n’a pas bougé. Des sanctions américaines symboliques - interdictions de visas et annulation de toutes les réunions bilatérales - sont en place. D’autres mesures de rétorsion, non détaillées, seront prises dès lundi, en concertation avec les Européens, a annoncé John Kerry devant le Congrès, si la Russie fait un pas de plus vers l’annexion de la Crimée après le referendum.
Dans un courrier envoyé à Moscou, on sait que les Etats-Unis avaient proposé en préalable à une nouvelle rencontre, l’envoi d’observateurs internationaux en Crimée. Mais au-delà des déclarations publiques, ni John Kerry, ni Serguei Lavrov n’ont laissé transparaitre leur état d’esprit.