En cas d’une vraie guerre entre les deux pays, l’armée ukrainienne aurait très peu de chances de la gagner. Certes, elle dispose de 130 000 hommes, de plus de mille chars, et de plus de deux cents avions de combat, mais l’armée russe compte près de sept fois plus de soldats, presque trois fois plus de chars, sept fois plus d’avions de combat.
Les Ukrainiens ont donc choisi une stratégie d’évitement et de concentration sur l’essentiel. Selon leur ministre de la Défense, ils n’interviennent pas en Crimée pour pouvoir concentrer les troupes sur les frontières avec la Russie, où, selon le ministre, plus de 200 000 soldats russes seraient déjà rassemblés.
La nouvelle Garde nationale créée ce jeudi doit surtout faire hésiter les Russes à envahir le territoire et à l’occuper. Elle n’est pas un outil militaire classique, mais elle va être composée d’hommes extrêmement déterminés, comme ceux de Maïdan, qui ont finalement vaincu les Berkhout, les forces spéciales anti-émeutes de Ianoukovitch, beaucoup mieux équipées. En cas d’occupation russe, la Garde pourrait se transformer en redoutable guérilla.
Angela Merkel veut croire en l'action diplomatique
La chancelière qui joue un rôle central dans la crise actuelle entre l'Ukraine et la Crimée a tenu un discours ferme n'excluant aucune sanction contre Moscou tout en laissant la porte ouverte à des discussions diplomatiques
Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
« Des conséquences économiques et politiques massives pour la Russie » : les déclarations d’Angela Merkel à l’adresse de Vladimir Poutine ressemblent à une menace plus ou moins ouverte. Devant le Parlement allemand (Bundestag), la chancelière a souligné que l’Europe et ses alliés n’hésiteraient pas le cas échéant à adopter des sanctions contre la Russie, y compris un blocus des exportations énergétiques.
Une menace à double tranchant il est vrai. Elle implique une perte de recettes massives pour Moscou mais n’est pas sans risque - par exemple - pour l’Allemagne en raison de la dépendance de la RFA à l’égard du gaz russe : 69% des Allemands y sont d’ailleurs opposés.
La loi du plus fort
Angela Merkel, dans son discours ferme a critiqué l’attitude de la Russie qui défendrait ses intérêts avec des instruments rappelant les XIXe et XXe siècles. Pour la chancelière, la Russie profite de la faiblesse de l’Ukraine en faisant valoir la loi du plus fort au détriment des principes du droit international.
Angela Merkel, à qui un rôle central est dévolu dans cette crise veut toutefois espérer qu’une solution diplomatique reste possible. La chancelière a clairement rejetté une option militaire et a à nouveau plaidé pour la mise en place d’un groupe de contact tout en soulignant que l’intégralité territoriale de l’Ukraine constituait un principe intangible.