Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
C’est une marée humaine qui a investi le quartier alévi d’Okmeydani pour la levée du corps de Berkin Elvan, ce mercredi 12 mars. Le garçon de 15 ans, grièvement blessé par la police en juin dernier en marge d'une manifestation antigouvernementale, est décédé mardi, après des mois de coma. Le cercueil, enveloppé d’un drapeau rouge et couvert d’œillets, s’est immobilisé devant sa modeste maison avant de prendre le chemin du cimetière. La foule immense, sous une forêt de drapeaux rouges, a continué de grossir toujours plus, pour envahir les larges avenues menant au cimetière de Feriköy, dans le centre d’Istanbul, non loin de la place de Taksim.
Le recueillement a vite laissé la place à la colère. La foule scandant des slogans tels que « Erdogan assassin ! » ou « l’Etat devra rendre des comptes ». Dans le centre-ville d’Istanbul, la police est sur les dents. Elle a, une nouvelle fois, bouclé la place Taksim et le parc Gezi. Un appel lancé aujourd’hui, qui invite à fleurir ces places d’œillets en hommage à Berkin Elvan, la jeune victime des affrontements de juin dernier, laissait craindre une nouvelle confrontation en fin d’après-midi, ce mercredi.
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Ailleurs en Turquie, des rassemblements à Ankara, la capitale, et Izmir, ont dégénéré en affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Les protestataires, qui s’étaient rassemblés sur une place du centre d’Ankara, ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes par la police. Au moins deux manifestants ont été blessés.
A Izmir, ils ont été plusieurs centaines à se rassembler pour une minute de silence en hommage au jeune symbole de la répression du régime Erdogan. La police est intervenue contre les manifestants avec des canons à eau et des lacrymogènes, lorsque ceux-ci ont pris la direction du gouvernorat local, rapporte une chaîne d’informations locale.