Sanctions contre la Russie: Londres joue-t-il un double jeu?

Alors que les Etats-Unis menacent d’imposer à la Russie de lourdes sanctions dans la crise ukrainienne, la Grande-Bretagne apparaît, elle, réticente. Un document officiel photographié dans les mains d’un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères recommande ainsi de « ne pas soutenir de sanctions commerciales » contre Moscou. Embarrassé, le gouvernement dément depuis privilégier ses intérêts plutôt que la résolution de la crise.

Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

Le document pris au téléobjectif par un photographe dans la cour de Downing street explique pourquoi le gouvernement britannique restait jusqu’à présent si vague sur la nature des pressions qu’il pourrait exercer sur Moscou en cas d’intervention en Ukraine. On peut y lire que « le Royaume-Uni ne devrait pas pousser pour des sanctions commerciales ou fermer le centre financier de Londres aux Russes ».

A la place sont plutôt envisagées des restrictions de visas à l’encontre de personnalités russes. La réticence de Londres s’explique en fait par sa volonté de ne pas voir se tarir l’afflux de roubles dans le pays. De Russie, la Grande-Bretagne importe en effet non seulement du gaz mais aussi beaucoup d’argent de milliardaires tandis que de nombreuses sociétés russes - une soixantaine - ont choisi d’être cotées à la bourse de Londres.

Prise en étau

Cet argent profite largement à la City et au marché immobilier de la capitale, alors que beaucoup d’oligarques russes s’y achètent des résidences luxueuses. Londres a beau se défendre de vouloir placer les intérêts de sa place financière avant l’Ukraine, il est clair que la Grande-Bretagne joue gros dans cette crise et apparaît hésitante, coincée entre deux rhétoriques, celle des Etats-Unis qui prônent la fermeté contre la Russie et celle de l’Union européenne qui prêche pour une réaction modérée.

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