A la veille de sa rencontre avec Sergueï Lavrov en marge de la réunion sur le Liban, c’est aux portes de la Russie que John Kerry avait décidé de s’exprimer. A Kiev, le secrétaire d’Etat américain a apporté tout son soutien aux nouvelles autorités ukrainiennes. Dans son discours, il a pris un ton ferme, critiquant vivement la politique du président russe Vladimir Poutine et condamnant les agissements de Moscou.
Pour John Kerry, la situation est claire : la Russie cherche à envahir une partie de l’Ukraine et à créer le prétexte pour y parvenir. Les critiques pleuvent. Le secrétaire d’Etat américain renchérit : « Si la Russie ne choisit pas de mettre fin à l'escalade, dit-il, nos alliés se joindront à nous ». Objectif : isoler la Russie sur le plan politique, diplomatique et économique.
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Côté russe, aucune réaction après cette déclaration. Vladimir Poutine s’est déjà exprimé. L’essentiel est dit : le Kremlin ne reconnaît pas la nouvelle équipe dirigeante ukrainienne. Le seul président légitime est Viktor Ianoukovitch et Moscou enverra ses forces en Crimée pour défendre, s’il le faut, la population d’origine russe et les intérêts du pays.
Ce mercredi à Paris, c’est dans ce contexte aux allures de guerre froide que John Kerry et Sergueï Lavrov doivent se serrer la main pour la première fois depuis la prise de contrôle de la Crimée par les forces pro-russes.
« La Russie a pris le risque d'une escalade dangereuse »
François Hollande doit donc recevoir ce mercredi le chef de la diplomatie américaine et russe à l'Elysée. Hier, mardi, lors d'un discours donné à l'occasion du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), François Hollande a lancé un avertissement à Moscou :
« La Russie a pris le risque d'une escalade dangereuse. Le rôle de la France, avec l'Europe, c'est d'exercer toute la pression nécessaire, y compris le recours éventuel à des sanctions pour proposer, pour imposer la voie du dialogue et rechercher une issue politique à la crise, a déclaré le président français. Sur des principes simples : la garantie de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine, le respect aussi de la diversité de la population de ce pays et enfin, l'organisation d'élections libres sous contrôle international. Tel est le sens des démarches qu'avec le ministre des Affaires étrangères nous engageons depuis le début de la crise.
La Russie, avec laquelle nous dialoguons, doit comprendre qu'elle est devant un choix très important pour l'avenir de ses relations avec l'Europe, a-t-il prévenu. Et que la seule option, je dis bien la seule option raisonnable, c'est la négociation ».