Dimanche dernier, les opposants avaient pourtant évacué quelques bâtiments officiels en échange de la libération de plusieurs centaines de manifestants emprisonnés. Mais dès mardi, sur le Maïdan, la manifestation de 20 000 personnes tourne à la confrontation avec les forces de sécurité. La mairie de Kiev est reprise par les manifestants qui perdent en revanche la moitié de la place de l'Indépendance. Premier bilan tragique établi le lendemain : 28 morts, dont 10 policiers.
L’Otan et les européens menacent de sanctions, l’ONU demande une enquête, la mobilisation diplomatique s'accélère. Mais la violence monte encore d’un cran. Jeudi à l'aube, les manifestants reprennent le contrôle de la place. Les forces de polices ripostent à balles réelles. Les tirs se multiplient, venus y compris de tireurs embusqués non identifiés. Le bain de sang fait au moins 60 victimes et les réactions internationales se multiplient. Il devient alors urgent d'amener opposition et pouvoir à la table des négociations.
Efforts diplomatiques
Les ministres des Affaires étrangères polonais, allemand et français, arrivés à Kiev jeudi matin, font la navette entre le président et l'opposition pour mettre au point un accord de sortie de crise. On sait maintenant qu'une simple trêve, comme celle annoncée la veille par le président ukrainien, fera long feu. L'UE vote des sanctions, et dans le camp de Viktor ianoukovitch les défections se multiplient.
Vendredi, 15h : après plus de 24 heures de discussions, Viktor Ianoukovitch et les leaders de l'opposition signent un accord décisif. Quelques heures plus tard, le Parlement ukrainien ouvre la voie à la libération de l'opposante Ioulia Timochenko. « Elle est l’une des rares personnes, en Ukraine, qui soient incontournables, aussi bien pour les pro-européens que pour les pro-russes, explique ainsi l'historien Pierre Lorrain. Lorsqu’elle était Première ministre, elle entretenait d’excellentes relations avec l’Union européenne mais également avec Moscou. Il est inévitable que cette femme joue un nouveau rôle de médiation et de pacification dans la crise ukrainienne. »