Ukraine: Ianoukovitch annonce une «trêve»

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a annoncé tard ce mercredi soir avoir conclu une «trêve» avec l'opposition et ajouté, quelques heures à peine avant une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne consacrée à d'éventuelles sanctions, que des négociations allaient débuter.

Avec notre envoyée spéciale à Kiev

Au lendemain d’une journée particulièrement meurtrière, le président et les représentants de l’opposition se sont retrouvés autour d’une table. Si sur le fond les positions n’ont pas beaucoup évolué, le chef de l’Etat refusant toujours d’entendre parler de démission, les deux camps semblent d’accord sur une chose. Il faut tout faire pour éviter un nouveau carnage.

L’accord conclu prévoit une trêve avant le lancement de négociations avec l’objectif de mettre fin aux effusions de sang, comme le précise le communiqué publié sur le site internet de la présidence ukrainienne.

Menaces de sanctions

Les mises en garde de la communauté internationale et les appels à des sanctions ciblées contre les responsables des violences de mardi ont-elles porté leurs fruits ? Plus tôt, la Commission européenne et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton n'avaient pas hésité à évoquer d'éventuelles sanctions à l'encontre des responsables de la répression en Ukraine. « Notre position est très claire : la position en Ukraine doit s’arrêter tout de suite. On doit avoir un nouveau gouvernement, une réforme de la Constitution », avait déclaré Maja Kocijancic, porte-parole de Catherine Ashton.

Le président américain Barack Obama a également tenu des propos très fermes à l'égard des autorités ukrainiennes : « Les Etats-Unis condamnent dans les termes les plus fermes les violences. Nous tenons le gouvernement ukrainien pour responsable de la gestion appropriée face à des manifestants pacifiques, un peuple qui avoir le droit de se rassembler, et de s’exprimer librement sur ses préoccupations sans craindre la répression. »

Enjoignant le gouvernement à faire preuve de retenue et les manifestants à rester pacifiques, Barack Obama a prévenu : « Nous allons suivre la situation de près, et cela inclut de nous assurer que les militaires ukrainiens ne s’immiscent pas dans ce qui doit rester un problème qui peut être résolu par les civils. »

Les opposants restent méfiants

La trêve est en tout cas annoncée quelques heures avant la venue à Kiev des chefs de la diplomatie française, allemande et polonaise. Les ministres vont s’entretenir avez les représentants de l’opposition, et pourraient rencontrer Viktor Ianoukovitch. Le président qui avait dénoncé un peu plus tôt une tentative illégale de prise du pouvoir par certains hommes politiques semble à nouveau jouer la carte de l’apaisement.

L’assaut sur Maïdan que les autorités avaient prévu cette nuit n’aura pas lieu, a commenté l’opposant Arseniy Yatsenyuk en sortant de la réunion. Mais sur la place de l’Indépendance, où police et manifestants se font face, on reste sur ses gardes et prêt à tout.

Parmi ces manifestants, un jeune homme venu apporter des médicaments pour soigner les blessés explique les raisons de sa détermination :

« À chaque fois on peut penser que tout ça va se terminer, que la fin est imminente, mais il n’en est rien. Et là encore, on se rend compte que rien n’est terminé, et qu’au contraire, c’est là que tout va commencer

On ressent de la peur, tout simplement. Parce ce qu’on ne peut plus endurer tout ça. La question n’est même plus de savoir s’il faut se rapprocher de l’Union européenne, en réalité, le problème réside uniquement dans le pouvoir actuel, parce que les gens ont perdu patience, ils ne peuvent plus supporter tout ça. Et c’est pourquoi nous resterons sur la place jusqu’au bout. Nous allons tenter de défendre notre État.

Ils peuvent continuer à nous tuer, nous battre, nous étrangler, ils n’arriveront à rien avec ces méthodes, ils ne feront que soulever encore plus de personnes. On est des Cosaques, notre peuple est comme ça, on ne se rendra pas. »

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