Avec notre correspondant à Kiev, Sébastien Gobert
Plus une question de tradition que de mobilisation ? L'atmosphère de la dixième marche du dimanche dans le centre de Kiev a été calme, marquée par une série de discours de militants civiques et de leaders politiques.
Tous ont répété que le régime de Victor Ianoukovitch est bien responsable d'une situation économique catastrophique. Ils ont appelé, encore et toujours, à des élections présidentielles anticipées. Ils ont encouragé aujourd'hui plus qu'avant, les populations de l'est du pays à réaliser qu'elles sont les premières victimes du régime.
Une moindre affluence sur la place de l'Indépendance ne signifie pas un quelconque essoufflement, mais il semble bien que le centre de gravité de la protestation se soit déplacé de la rue aux couloirs du Parlement.
« J'invite Victor Ianoukovitch à débattre, mais ici, sur le Maidan, pour que le peuple écoute ce qu'il a à dire ! » Ce dimanche, sur la place de l'Indépendance à Kiev, le boxeur Vitali Klitschko semblait plus en campagne électorale que jamais. Lui et les autres leaders de l'opposition ont échoué à initier une réforme constitutionnelle qui marquerait un retour à une république parlementaire. Alors ils en sont revenus à leur demande initiale : la destitution de Victor Ianoukovitch et l'organisation d'élections anticipées.
Vitali Klitschko a aussi appelé à des prémisses de grève générale. Le 13 février, chaque Ukrainien est invité à ne pas travailler pendant une heure au moins, à agiter des drapeaux nationaux dans la rue. Un pari prudent, étant donné que les autres appels à une grève générale ont tous échoué.
Les orateurs ont aussi appelé les Ukrainiens à participer à des groupes d'auto-défense du mouvement de l'EuroMaidan à travers tout le pays, pour lutter contre violences policières, kidnappings et tortures.
Ce qui indique que personne n'imagine que la contestation ne s'arrête de si tôt. Mais depuis l'entretien mystérieux entre Victor Ianoukovitch et Vladimir Poutine vendredi dernier, le mouvement est dans le flou, et la balle est bien dans le camp du gouvernement.