Ukraine: Lviv, l'autre bastion de la contestation

La contestation qui agite l’Ukraine depuis plus de deux mois a gagné l’essentiel de l’ouest du pays, majoritairement ukrainophone et acquis aux partis d’opposition. Dans la grande ville de Lviv, les habitants se mobilisent pour soutenir les activistes qui campent sur la place de l’Indépendance, dans le centre de Kiev.

Avec notre envoyé spécial à Lviv, Laurent Geslin

A Lviv, tout est fait pour aider les militants qui défient le pouvoir du président Viktor Ianoukovitch à Kiev. Des collectes de vêtements, de nourriture et de médicaments sont organisées dans les églises, et les habitants de la ville sont nombreux à rendre dans la capitale ukrainienne pour monter la garde sur les barricades.

Plusieurs des personnes décédées après les affrontements de la semaine dernière dans la capitale ukrainienne étaient d’ailleurs originaires de Lviv. C’est le cas de Yuri Verbitsky. Cet activiste avait été retrouvé mort le 22 janvier dernier dans une forêt proche de Kiev, après avoir été enlevé par des inconnus de l’hôpital où il se faisait soigner.

A Lviv, les casernes de la police ont longtemps été bloquées par la population, pour que les unités de la police spéciale ne puissent pas réprimer les manifestations à Kiev. Le 23 janvier dernier, les bâtiments du Conseil régional ont été investis par des manifestants, qui ont érigé des barricades pour en interdire l’accès. Le gouvernement de la région a même été forcé à signer une lettre de démission.

Place forte de la contestation, Lviv est également le cœur du nationalisme ukrainien. Le parti d’extrême droite Svoboda y réalise ses meilleurs scores. On y célèbre aussi volontiers la mémoire de Stepan Bandera, un dirigeant nationaliste ayant un temps collaboré avec le régime nazi durant la Seconde Guerre mondiale.

Pour le président Viktor Ianoukovitch, originaire de l’est russophone du pays, difficile donc de trouver un soutien dans la ville de Lviv. Le groupe du Parti des régions au sein du Conseil régional a même annoncé sa dissolution le 27 janvier dernier. Selon certains députés du parti présidentiel, ses représentants auraient reçu des menaces de mort, les forçant à la démission.

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