Ukraine: jeu de dupes autour de la loi d'amnistie

Par 232 voix sur les 416 députés présents, le Parlement ukrainien a adopté ce mercredi 29 janvier une amnistie pour les activistes interpellés durant les manifestations qui secouent l’Ukraine depuis des semaines. L’adoption de cette loi a pourtant suscité l’indignation de l’opposition.

Avec notre correspondant à Kiev, Laurent Geslin

La loi d’amnistie votée ce mercredi 29 janvier a été très mal accueillie par les partis d’opposition, car, pour qu’elle s’applique, les manifestants doivent libérer les bâtiments qu’ils occupent, à Kiev comme dans le reste de l’Ukraine. Or, après deux mois de protestations, après les violences de la semaine dernière qui ont entraîné la mort de six personnes, après les revirements constants du pouvoir, l’opposition n’accorde plus aucun crédit à la parole du président Viktor Ianoukovitch.

Si les protestataires quittent leurs positions, ils craignent de se retrouver à la merci d’une répression violente. Certains manifestants de la Place de l’indépendance ont d’ailleurs déjà déclaré que les barricades qui protègent le camp des opposants allaient être renforcées dès cette nuit. De fait, alors les députés négocient au Parlement, des activistes et des journalistes continuent de disparaître.

Aujourd’hui, pour sortir de la crise, les partis d’opposition réclament avant tout l’organisation de nouvelles élections. Une requête que le président Ianoukovitch a toujours refusée. Dans ces conditions, le conflit risque de durer, l’opposition ayant à de multiples reprises écarté l’idée d’un gouvernement d’union nationale.

Ce mercredi, le premier président de l’Ukraine indépendante, Leonid Kravtchouk, a mis en garde contre le déclenchement d’une « guerre civile ». Selon certains médias, le pouvoir aurait décidé d’augmenter les effectifs des unités de la police spéciale. Et tandis que la majorité des bâtiments des conseils régionaux de l’ouest de l’Ukraine sont toujours occupés par les manifestants, dans les villes de l’est du pays, bastion du président Ianoukovitch, des opposants continuent d’être incarcérés.


Sur la place de l'Indépendance, les protestataires inventent le « football de la paix »

Comme l’attente de décisions politiques se prolonge, les protestataires réunis sur la place de l’Indépendance à Kiev, appelée communément « Maïdan », ont décidé d’organiser un tournoi de football entre les équipes de différentes régions, dont les représentants campent sur place. La Coupe de Maïdan a été gagnée par l’équipe de Lviv, qui a remporté 4 à 2 le match décisif contre la région de Tirnopil.

Partager :