Le président ukrainien officiellement «malade»

Victor Ianoukovitch est « officiellement déclaré malade avec des douleurs respiratoires aiguës et une forte fièvre ». Difficile de ne pas faire le lien entre cette annonce, tombée ce jeudi 30 janvier, et la crise que traverse le pays depuis deux mois. Sans parler des pressions multiples dont le président ukrainien fait l'objet. Ce jeudi, l'opposition a enfoncé le clou, en l'accusant d'avoir violé la Constitution mercredi. Et le président français, qui recevait à Paris le Premier ministre polonais Donald Tusk, a qualifié la situation en Ukraine de « grave », estimant qu'elle appelle à « la plus grande vigilance ».

Article mis à jour avec agences et notre correspondant à Kiev, Laurent Geslin

Mercredi 29 janvier à la Rada, le Parlement ukrainien, Viktor Ianoukovitch avait l'air en pleine possession de ses moyens. Pour la première fois depuis un an, le président était venu mobiliser ses troupes à la veille d'un vote très important, sur une loi d'amnistie des protestataires.

C'est donc avec surprise que les Ukrainiens ont appris le lendemain, ce jeudi matin, que le chef de l'Etat souffrait de troubles respiratoires et d'une forte fièvre, dixit les services de l'administration présidentielle. Pour le Kiyv Post, un journal anglophone de la capitale ukrainienne, Viktor Ianoukovitch serait en fait simplement victime de stress, alors que des manifestations contestent son autorité depuis deux mois.

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Ces dernières 24 heures, incontestablement, le président ukrainien a été mis sous pression, notamment sur la scène internationale - par les Occidentaux, mais aussi par le Kremlin. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, se trouvait notamment à Kiev mercredi.

Surtout, la chancelière allemande Angela Merkel a téléphoné personnellement à M. Ianoukovitch, pour lui lancer une mise en garde contre de nouvelles violences en Ukraine. Elle a appelé à la protection des droits des citoyens et a demandé au président de poursuivre le dialogue avec l'opposition.

Mme Merkel a également appelé le président russe Vladimir Poutine, pour lui demander de plaider à son tour pour un dialogue constructif en Ukraine. Certes, le maître du Kremlin a simplement réitéré sa mise en garde de la veille, demandant de nouveau aux Européens de « ne pas s'ingérer » dans les affaires ukrainiennes.

Mais il a tout de même annoncé que la Russie attendra la formation du nouveau gouvernement à Kiev avant de poursuivre son aide de plus de 11 milliards d'euros à l'Ukraine, dont une première tranche a été versée fin décembre.

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Pris entre des feux multiples, déçu de surcroît par le fait que l'opposition a refusé de soutenir sa loi d'amnistie, Viktor Ianoukovitch semble donc plus en plus au bout du rouleau. Se montrer fragile, en de quelques rares occasions, peut contribuer à lui donner un côté plus humain auprès de la population.

Selon le site de la présidence, Viktor Ianoukovitch a même reconnu ce jeudi certaines erreurs dans la gestion de la crise qui touche son pays, tout en reprochant à l'opposition de « continuer à envenimer la situation ». Une opposition qui l'accuse pour sa part, ce jeudi soir, d'avoir violé la Constitution, rien de moins, en exerçant un chantage sur les députés lors de l'adoption de la loi d'amnistie mercredi.

« Il a été établi que plusieurs députés ont voté pour d'autres, ce qui viole la Constitution », peut-on lire dans un communiqué publié conjointement par les trois leaders de l'opposition, Vitali Klitschko, Arseni Iatseniouk et Oleg Tiagnybok. « Le président Viktor Ianoukovitch, qui a forcé par le chantage et l'intimidation sa fraction à soutenir cette loi, en est personnellement responsable », ajoutent-ils.

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