La « Grande muette » est donc sortie de sa réserve, en Ukraine, et c'est assez inhabituel de voir l'armée ukrainienne se mêler de la vie politique du pays de manière aussi ouverte.
On peut lire, dans un communiqué publié sur le site internet du ministère ukrainien de la Défense, que les militaires appellent le chef suprême des armées, c'est-à-dire le président Viktor Ianoukovitch, à prendre « des mesures d'urgence pour stabiliser la situation dans le pays ».
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Ce que les militaires ukrainiens jugent « inacceptable », c'est la prise d'assaut de certains bâtiments publics par les manifestants de l'opposition. A l'heure actuelle, c'est l’un des principaux enjeux du bras de fer entre le pouvoir et l'opposition. Pour que l'amnistie votée au Parlement puisse entrer en vigueur, les contestataires doivent d’abord évacuer tous les lieux publics qu'ils occupent, à Kiev et dans d'autres villes.
En début d’après-midi, ce vendredi, la présidence a annoncé que le président Viktor Ianoukovitch, avait signé la loi d’amnistie, ainsi que l’abrogation des amendements réprimant les manifestations, qui avaient été adoptés en janvier. Si, dans les rangs des manifestants toujours rassemblés dans le centre de la capitale ukrainienne, l'annonce de l'abrogation des lois de janvier dernier a été saluée par des applaudissements, les manifestants rejettent toujours la loi d'amnistie.
Prélude à une intervention musclée ?
Dans son communiqué publié en début de journée, l'armée adresse une menace à peine voilée, évoquant une « escalade de la contestation qui menace l'intégrité territoriale de l'Ukraine ». S'agit-il simplement d'un soutien appuyé au président Viktor Ianoukovitch, ou d'un prélude à une intervention beaucoup plus musclée contre les manifestants ? Aucun scénario n'est à exclure, surtout après la fin des Jeux olympiques d'hiver, qui doivent se dérouler à Sotchi, en Russie voisine.
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Ce samedi, une rencontre entre John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, et les leaders de l'opposition Ukrainienne doit se tenir à Munich, en Allemagne, en marge de la conférence sur la sécurité. De quoi faire bondir l'allié russe, qui n'a de cesse de dénoncer « l'ingérence » dans les affaires intérieures ukrainiennes et qualifie cette rencontre de « cirque ».