L'inculpation de l'infante Cristina n'a été rendue possible que par l'obstination du juge José Castro, du tribunal de Palma de Majorque, aux Baléares. Il enquête depuis 2010 sur cette affaire et il a dû passer outre l'opposition du Parquet pour pouvoir inculper la fille du roi pour fraude fiscale et blanchiment de capitaux présumés.
Il avait déjà mis en accusation l'infante en avril 2013 pour trafic d'influence, mais cette décision a été annulée à la suite d'un recours du Parquet. Ce que le juge veut savoir, c'est si l'infante a des liens avec les activités frauduleuses présumées de son époux, l'ancien champion de handball Iñaki Urdangarin, reconverti en homme d'affaires. Il est soupçonné d'avoir détourné 6 millions d'euros d'argent public il y a environ dix ans, alors qu'il présidait une société à but non lucratif, et il risque jusqu'à douze ans de prison.
L'infante Cristina devra se présenter devant le juge le 8 mars prochain. Son inculpation affaiblit encore un peu plus la monarchie espagnole. Le roi Juan Carlos, âgé de 76 ans, est apparu en public cette semaine visiblement fatigué après une opération à la hanche en novembre dernier, et la majorité des Espagnols souhaitent qu'il abdique.
La presse sévère avec la famille royale
Avec notre correspondant à Madrid, François Musseau
On trouve peu de journaux espagnols pour défendre la famille royale en général, et l'infante Cristina en particulier, la fille cadette du roi mise en examen pour « fraude fiscale et blanchiment de capitaux ». Pour le quotidien de gauche Público, enfin les Bourbons vont pouvoir s’expliquer devant la justice et le peuple espagnol : « Il est temps qu’ils rendent des comptes et qu’on sache si l’infante a commis ou non de graves fautes ».
Même son de cloche du journal de référence El Pais, « l’infante Christina répète qu’elle est blanche comme neige, mais les éléments à charge contre elle sont considérables ».
« Stratégie d'opacité »
Quant au quotidien de centre-droit El Mundo, « la stratégie d’opacité de la maison royale, telle un boomerang se retourne précisément contre elle et peut lui exploser à la figure ».
Seul le journal monarchiste ABC défend bec et ongles : « La monarchie dans l’œil du cyclone », en publiant une liste de raisons pour ne pas mettre en examen l’infante. Mais dans ce débat, il faut bien dire que le quotidien ABC est complètement isolé, partout ailleurs la monarchie est mise au pilori.