Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Anastasia Becchio
A la scie électrique, des hommes en gilets orange démantèlent les barricades, tandis que les policiers casqués repoussent avec leurs boucliers plusieurs centaines de manifestants agglutinés, qui tentent de résister. Mais les forces de l’ordre, progressent peu à peu vers l’intérieur de la place.
« Honte », « la police avec le peuple », « soldats, vous êtes nos frères », scandent les manifestants.
De la scène, située à une centaine de mètres de là, parviennent les prières des dignitaires religieux, qui se tiennent debout, aux côtés de députés, de responsables de partis et de personnalité ukrainiennes.
Rouslana entonne l’hymne national. La chanteuse très impliquée dans le mouvement de contestation lance des appels au calme de la scène et des messages adressés aux forces de l’ordre : « Faisons un signe de la main à la police anti-émeutes. Eh, les gars ! vous devez comprendre qu'il y a ici des gens comme vous. »
En dépit des barrages policiers déployés à toutes les entrées de la place, les manifestants se font de plus en plus nombreux. De la tribune, la députée Inna Bogoslovska, qui a fait défection du Parti des régions de Viktor Ianoukovitch, appelle les manifestants à ne pas avoir peur : « Je suis persuadée qu'aucun des garçons dans le cordon policier n'osera toucher une seule des personnes ici présente. »
« Kiev, lève-toi » scande la foule, alors qu’à quelques dizaines de mètres de là, sous les huées de manifestants, la police anti-émeutes continue de gagner du terrain.
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■ REACTIONS : L'UE demande de ne pas recourir à la force
Alors que les Etats-Unis ont exprimé leur « dégoût », l'Union européenne, davantage concernée par la situation à Kiev, a demandé aux autorités d'éviter tout recours à la force.
L'opération intervient en pleine mission de conciliation de la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, qui avait rencontré pendant trois heures le président Vitkor Ianoukovitch mardi. « J'observe avec tristesse que la police fait usage de la force pour déloger des gens pacifiques », a-t-elle réagi dans un communiqué. La délégation de l'UE en Ukraine a indiqué « tenter de contacter » les autorités « afin d'empêcher l'usage de la violence contre des citoyens ordinaires ».