La défaite est amère pour l’Europe, tant les efforts mis dans cet accord d’association avec l’Ukraine ont été intenses. Mais rien n’a pu y faire. À Vilnius, « l’Ukraine est venue avec l’intention de ne pas signer », a dit à la presse la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite. Néanmoins, la porte reste ouverte. Les dirigeants européens n’ont eu de cesse de le répéter à l’issue du sommet et attendent des gestes de la part de Kiev.
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Une défaite qui ne doit pas faire oublier les avancées réelles obtenues à Vilnius. Depuis la création du partenariat, il y a quatre ans, les résultats sont pour la première fois concrets et importants. La Géorgie et la Moldavie ont paraphé des accords d’association avec l’Union qu’ils comptent finaliser courant 2014. Des accords importants pour leur économie. L’Azerbaïdjan a lancé des négociations pour obtenir des visas avec l’Europe plus facilement, la Biélorussie s’est dite prête à faire de même.
Un rapprochement certain vers l’Europe et ses valeurs de ces six ex-républiques soviétiques. Mais leur chemin sera encore parsemé d’embûches. La Russie promet de ne pas laisser filer aussi facilement ces pays de sa zone d’influence.
■ Vu d'Ukraine : la « honte »
Jusque tard dans la nuit, ce jeudi, des milliers d'Ukrainiens avaient dénoncé la position défendue par la présidence. Ce vendredi midi, alors que le sommet de Vilnius venait de se clore, les pro-Européens restaient toujours mobilisés. Samedi, la police anti-émeute a violemment dispersé les manifestations.
Avec notre envoyée spéciale à Kiev, Anastasia Becchio
La rue n'est ni rassurée ni convaincue par les annonces du président. Les partisans d'un rapprochement avec l'Union européenne ont accueilli les nouvelles en provenance ce Vilnius en scandant : « Honte ».
Sous une pluie battante, des centaines de personnes ont convergé ce vendredi en fin de matinée vers la place de l'Indépendance, déjà noire de monde. Beaucoup de jeunes, enveloppés dans des drapeaux ukrainiens ou agitant des drapeaux étoilés de l'Union européenne se pressent sur cette place très symbolique de Kiev, où s'était déroulée la Révolution orange de 2004.
« Ianoukovitch a plaidé à Vilnius pour un soutien financier de la part de l'Union européenne, mais nous, ça n'est pas l'économie qui nous intéresse, mais les valeurs telles que les droits de l'homme, la liberté de conscience… C'est ça l'Europe », lance un groupe d'étudiants.
À quelques centaines de mètres de la place de l'indépendance, la place de l'Europe est, elle aussi, noire de monde. Le parti des régions, le parti au pouvoir, occupe aussi le terrain, avec une contre-manifestation. Ici aussi des drapeaux européens dépassent de la foule. « Personne ne nous dictera quoi que ce soit, nous construirons seuls notre Europe », martèle en russe un orateur. La foule écoute d'une oreille distraite, et ne semble en tout cas pas très motivée pour rester ici très longtemps.
Selon Ioulia Shukan, ces contre-manifestations font partie d'une stratégie du pouvoir pour contrer les nombreuses mobilisations qui se sont multipliées dans tout le pays. Samedi 30 novembre au matin, des dizaines de personnes ont été blessées et de nombreuses autres arrêtées au moment où la police anti-émeute a brutalement dispersé les manifestants réunis au centre-ville.