Avec notre correspondante à Athènes, Amélie Poinssot
« Pain, Education, Liberté » : c'est le slogan de 1973 que les manifestants reprennent aujourd'hui. La révolte étudiante avait alors été le prélude à la chute de la dictature, survenue en juillet 1974. Depuis elle est commémorée chaque année, mais le contexte de l'austérité lui a donné une nouvelle dimension.
« Des gens ont donné de leur vie à l'époque pour faire tomber la junte et faire revenir la démocratie, se souvient Eleni Dionisopoulou, qui travaille précisément à l’université Polytechnique. Mais aujourd'hui, le problème, c'est qu'on est en train de revivre une dictature en Grèce. Il faut de nouveau que l'on soit tous ensemble et que l'on descende dans la rue. Car ils sont en train de faire de nous un pays du tiers-monde, il faut donc qu'on se mobilise et qu'on fasse barrage. »
→ A (RE)LIRE : Grève générale en Grèce pour dire «non» à l’austérité
Eleni est employée des services techniques et depuis septembre, elle est sur la sellette, comme la moitié de ses collègues. Car elle est visée par le vaste programme de mutations exigé par la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, et Fonds monétaire international, NDLR)
« Ils vont nous mettre en disponibilité pendant 8 mois, mais cela signifie en fait que nous sommes licenciés ! Car ils ne vont pas pouvoir absorber tous ces employés qu'ils écartent du secteur public : où vont-ils les mettre ? »
Pour s'opposer à cette mesure, les employés sont donc en grève depuis la rentrée, tout comme le personnel de l'autre université historique d'Athènes. Le cortège, parti de Polytechnique, s'est dirigé comme de coutume vers l'ambassade des Etats-Unis, qui sont accusés d'avoir soutenu la dictature à l'époque. Tout cela sous un impressionnant dispositif policier.