Avec notre correspondante à Madrid, Martine Pouchard
Ils ont été quelques milliers à braver le froid et la pluie, en famille, les enfants au premier rang, pour défendre le droit à la vie et dire non á l’avortement.
Mercedes exige que l’on interdise purement et simplement l’interruption volontaire de grossesse. « Je suis là au nom de tous ceux qui n’ont pas de voix, explique cette grand-mère militante, tous les enfants à naître qui n’ont pas de voix. L’opinion publique doit regarder en face la réalité de l’avortement, qui n’est nullement un droit puisqu’un être humain avec son ADN n’est pas une partie de mon corps , ce n’est pas une dent qu’on enlève. »
Une loi jugée trop permissive
Cette « Marche pour la vie » était organisée alors que le gouvernement tarde à rendre sa copie, après avoir promis de revoir la loi jugée trop permissive.
Pour Ana, Il ne s’agit pas d’un débat droite-gauche, mais d’interdire l’avortement. « Nous ne venons pas demander une réforme de la loi, explique-t-elle, mais la dérogation absolue. Evidemment que c’est le moment, c’est toujours le moment opportun pour demander que l’on renonce à cette loi injuste et immorale. »
Plusieurs jeunes femmes, torses nus, membres du mouvement Femen, ont voulu perturber la manifestation. Quelques incidents ont eu lieu, la police est vite intervenue.
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Le ministre de la Justice, Ruiz Gallardon, selon lequel « il y a des enfants qui ne pourront jamais sourire parce qu’ils seront morts », s’obstine, et veut réformer la loi malgré les réticences de son propre camp. Très proche des milieux traditionalistes, il a déjà dû revoir cinq fois sa copie, mis en particulier en minorité par les femmes de son propre parti.
Si le projet est finalement présenté, la loi sera plus restrictive, n’autorisant l’avortement qu’en cas de malformation foetale, de viol ou de danger pour la mère.
La majorité des Espagnols juge ce projet rétrograde et inopportun en temps de crise. Les médecins et les associations féministes craignent un retour en arrière, qui obligerait les femmes à recourir de nouveau à la clandestinité. En mobilisant très largement leurs troupes, les plus conservateurs s’obstinent et veulent faire pression.