De notre correspondant à Varsovie, Damien Simonart
La volonté de Donald Tusk est de donner un nouvel élan à son parti, la Plateforme civique, ainsi qu'à sa politique. En 2010, après sa victoire aux élections législatives, les commentateurs avaient souligné qu'il s'agissait d'un succès historique parce c'était la première fois, depuis la chute du communisme, qu'un parti politique était réélu pour un second mandat consécutif.
La crise moins pire qu'ailleurs
Cela fait six ans que la Plateforme civique et son partenaire, le parti paysan PSL, gouvernent la Pologne. Des signes de lassitudes apparaissent dans l'électorat. La crise est passée par là et le pays se développe de moins en moins vite.
Paradoxalement, la Pologne est l'un des pays de l'Union européenne qui se porte le mieux malgré la crise. C'est le seul pays parmi les 28 à ne pas avoir connu la récession au moment de la crise. Elle est souvent mal vue par les citoyens d'Europe de l'Ouest parce que de nombreuses entreprises choisissent de s'y délocaliser car la main d'oeuvre y est moins chère.
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Toutefois, cette crise qui a, au début, épargné la Pologne, la touche désormais. La croissance qui était de 4,3% en 2011 est passée à 2% en 2012 et cette année les experts prédisent une croissance à un peu plus de 1%. Le chômage a pour sa part augmenté significativement. Il est actuellement à 13% dans le pays et il fait des ravages chez les jeunes.
Pour continuer de se développer malgré tout, le gouvernement augmente le déficit public et beaucoup de Polonais ont peur que les prochaines années soient difficiles. C'est la raison pour laquelle la presse nationale spécule notamment sur le remplacement du ministre de l'Economie, Jan Rostowski.
Réformes sociétales importantes
En-dehors des questions économiques, des débats de société secouent actuellement la Pologne. Reconnaissance des couples homosexuels, légalisation de la fécondation in vitro, retraites à 67 ans et, tout récemment, école primaire dès l'âge de 6 ans au lieu de 7 : tous ces sujets ont donné lieu à des débats houleux au Parlement entre libéraux et conservateurs.
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Or, dans le parti libéral du Premier ministre Donald Tusk, il y a quelques conservateurs qui ont refusé de suivre la ligne directrice du parti sur ces questions de sociétés. Résultat : trois d'entre eux ont claqué la porte du parti et la coalition au pouvoir se retrouve avec seulement 232 sièges sur 460. C'est tout juste plus que la moitié. Il y a donc gros danger pour le gouvernement.
Pour l'instant, les sondages indiquent 35% contre 27% en faveur du parti d'opposition de droite conservatrice Droit et Justice. Un parti présidé par Jaroslaw Kaczynski, le frère jumeau du président défunt Lech Kaczynski qui avait péri dans un accident d'avion en Russie en 2010. Et Jaroslaw Kaczynski sera probablement candidat à l'élection présidentielle de 2015.