Soulagement en Italie après la reconduction du gouvernement d'Enrico Letta

Mercredi 2 octobre, dans la soirée, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a salué le vote de confiance du Sénat au gouvernement de coalition d'Enrico Letta. Un vote d'une importance décisive pour l'Union européenne et l'euro. Le gouvernement avait été fragilisé par la démission de cinq ministres du parti du Peuple de la liberté de Silvio Berlusconi, qui, juste avant le vote, a fait volte-face et appelé à soutenir le gouvernement.

Il y a plusieurs explications au vote positif du Sénat. Le discours élégant, déterminé, très fort, du président du Conseil, Enrico Letta, - par ailleurs neveu de de l’éminence grise de Silvio Berlusconi, Gianni Letta - a certainement eu un impact positif, explique notre correspondante Rome, Anne le Nir.

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L’intervention remarquée du sénateur Mario Monti, ex-président du Conseil, a eu aussi son influence, car lui qui avait voté pour Berlusconi en 1994, s’est adressé au chef du Peuple de la liberté et à tous ses sénateurs, en leur lançant un véritable défi : « Je ne vous crois pas capables d’un geste qui serait hostile au pays, à l’Europe. Réfléchissez ! »

Berlusconi désavoué par ses propres troupes

Enfin, la ruse et la peur du cavallieri Berlusconi ont pesé dans sa décision d'apporter in extremis son soutien au gouvernement. Le chef du parti du Peuple de la liberté a fait ses comptes et réalisé qu’il pourrait se retrouver en minorité au sein du PDL, dans son choix de voter contre le gouvernement Letta. Il a réalisé, aussi, qu'il avait tout intérêt à tenter de ressouder son parti divisé entre ceux qui lui seront fidèles à vie et les modérés, lassés d’un chef qui, depuis 1994, mélange systématiquement ses problèmes judiciaires à la politique.

Après le vote des sénateurs, acquis avec seulement 70 voix contre son gouvernement, Enrico Letta a obtenu dans la soirée, sans surprise, le soutien des députés à une très large majorité (435 voix pour et 162 contre). Le chef du gouvernement italien, désormais confirmé à son poste, a annoncé dans la foulée la poursuite des réformes : réduire le nombre de parlementaires, réviser la loi électorale et sortir le pays de la récession.

Dans les capitales européennes, le vote des parlementaires italiens a été suivi de près. Soulagé, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a salué mercredi soir un vote décisif pour l'Union européenne.

Une «farce à l'italienne» ?

Toute la presse italienne s’interroge ce jeudi matin sur les raisons de fond qui ont poussé Silvio Berlusconi à voter la confiance au gouvernement Letta. «Est-ce le geste d’un génie politique ou d’un commandant sans boussole ?» se demande le quotidien romain Il tempo. «C’est une farce à l’italienne», estime de son côté le quotidien Il fatto quotidiano, tandis que La Repubblica parle «d’échec du cavallieri», parce que pour la première fois depuis 1994, le rôle de Silvio Berlusconi a été sans influence, dans la mesure où le groupe de sénateurs modérés de son parti, le Peuple de la liberté, qui ne voulaient pas la chute du gouvernement, était suffisamment consistant pour qu’Enrico Letta remporte ce vote de confiance.

Le cavaliere a-t-il encore un avenir politique ?

Jusqu’à présent Silvio Berlusconi a toujours su renaître de ses cendres. Mais il est incontestablement affaibli. Il vient de subir un véritable parricide de la part de son dauphin, le vice-président du Conseil Angelino Alfano, autour duquel le mouvement des dissidents du Peuple de la liberté s’est organisé. Et il risque d’être encore plus affaibli s’il perd son fauteuil de sénateur et donc son immunité parlementaire.

Une Commission sénatoriale doit en effet se réunir vendredi 4 octobre pour se prononcer sur une éventuelle destitution de Silvio Berlusconi, à la suite de sa condamnation définitive pour fraude fiscale.

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