Avec notre correspondante à Athènes, Amélie Poinssot
Ce jeudi, au terme d'une longue audience qui a duré six heures, le chef d’Aube dorée, Nikos Michaloliakos a été inculpé pour «participation à une organisation criminelle» et pour l'avoir dirigée et placé en détention provisoire.
Aube dorée joue la carte de la victimisation
D'après les informations qui ont filtré de son audition, il a nié toute implication d'Aube dorée dans le meurtre du chanteur antifasciste, alors que les enregistrements téléphoniques démontrent, au contraire, que, des conversations ont été échangées dans les heures qui ont suivi l'assassinat à tous les échelons de l'organisation, y compris avec Nikolaos Michaloliakos. La ligne de défense du parti est de présenter Aube dorée comme victime d'un complot et les poursuites judiciaires engagées contre ses membres sont qualifiés de «poursuites politiques et anticonstitutionnelles».
Dans la nuit du 17 au 18 septembre, le meurtre par un membre du parti néonazi Aube dorée de Pavlos Fyssas, rappeur antifasciste, a provoqué une prise de conscience en Grèce. Face à la vague d’émotion submergeant le pays, le gouvernement et la justice ont décidé d'agir fermement. Un vaste coup de filet a été mené ce week-end, visant les principaux animateurs et militants de la nébuleuse néonazie.
Une opinion publique critique
Avec le placement en détention provisoire du numéro 1 d’Aube dorée, la justice a frappé fort. Cependant, la veille, mercredi, sur les quatre autres députés également inculpés pour «participation à une organisation criminelle», trois ont bénéficié d'une liberté conditionnelle, ce qui a suscité beaucoup d'émoi en Grèce.
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Ce jeudi matin, la presse se montre très critique sur l'attitude de la justice dans cette affaire, y compris le journal conservateur Kathimérini, qui titre : «Effet de surprise et questions». Le quotidien de gauche Elefthérotypia est plus direct avec ce titre «Démocratie honteuse».
Le «cerveau» doit encore être entendu
Le fait que le chef du parti reste aujourd'hui sous les verrous pourrait donc rassurer l'opinion publique. Cela dit, tant qu'il n'est pas condamné, Michaloliakos conserve son mandat de parlementaire, tout comme les autres inculpés.
On attend maintenant de connaître le sort du sixième et dernier député arrêté ce week-end : le n°2 du parti, Christos Pappas. Cet homme, soupçonné d'être le «cerveau» de l'organisation, devrait être entendu par les juges en fin de matinée.
■ Nikos Michaloliakos, l’héritier de la dictature des colonels
Nikos Michaloliakos est le digne héritier des fameux Colonels grecs, les dictateurs militaires des années 1960. A cette époque, Nikos Michaloliakos est désigné pour diriger la section jeunesse du parti d’extrême Droite grecque.
Plus tard, dans les années 1970, il est condamné à de la prison ferme pour des actes de violences. C’est derrière les barreaux qu’il va forger ses principes, son idéologie. Il purge sa peine aux côtés de son père spirituel : l'ancien colonel Georges Papadopoulos.
Calculateur
Fortement influencé par ce dictateur, il fonde Aube dorée en 1980 Aube Dorée, l’année qui suit le décès de Papadopoulos. Nikos Michaloliakos est à la tête de ce mouvement depuis sa création.
Fin calculateur, mathématicien de formation, cet homme de 56 ans, petit de taille, tout en rondeur et à la voix fluette, profite en 2012 de la crise économique grecque, d’un chômage galopant et du discrédit croissant de la classe politique pour se faire élire député. Il fait son entrée au parlement où son parti dispose de 18 sièges. Soit 7% des suffrages.