Avec notre correspondante à Athènes, Amélie Poinssot
« Ces arrestations sont arrivées trop tard » : voilà le sentiment qui domine aujourd'hui dans la société grecque. Car ces dernières années, plusieurs morts et de nombreux blessés ont été imputés aux agissements d'Aube dorée.
Le Réseau d'enregistrement des violences racistes, qui regroupe une trentaine d'associations, rappelle que plus de 300 immigrés ont été victimes d'agressions depuis deux ans. « La justice a bien fait, mais elle doit faire une autocritique pour ce retard », estime le juriste et président de la Ligue hellénique des droits de l'homme, Dimitris Christopoulos.
→ A (RE)LIRE: La Grèce face à ses démons néonazis
D'après lui, Aube dorée aurait déjà pu être inquiétée il y a deux ans, les outils juridiques étaient suffisants et la législation antiterroriste utilisée aujourd'hui existe depuis 2001. Si la justice a réagi cette fois-ci, c'est donc parce que l'exécutif l'a voulu – et les analyses vont bon train dans la presse sur les motivations du gouvernement Samaras à vouloir décapiter, maintenant, l'organisation néonazie.
Que faut-il faire ? Jouer les bons élèves, alors que la Grèce va prendre la présidence européenne au semestre prochain ? Montrer des gages alors que le pays doit de nouveau faire ses preuves face à la Troïka ? Ou encore, éliminer un adversaire politique ?
Le parti néonazi, en tout cas, est en perte de vitesse dans les sondages, mais il se maintient en troisième position. La publication de preuves, de plus en plus nombreuses, sur ses activités criminelles, ne rebute pas une partie de l'électorat.