François Hollande s’est bien gardé de s’immiscer dans cette campagne électorale et d’apporter ouvertement son soutien au candidat social-démocrate. Avec ce succès d’Angela Merkel, une telle intervention aurait pu lui porter préjudice et compliquer un peu plus les relations entre Paris et Berlin.
Or, le président français souhaite repartir sur de bonnes bases avec la chancelière allemande. François Hollande a appelé la chancelière dimanche et selon l'Elysée, Paris et Berlin ont décidé de « poursuivre leur coopération étroite » pour renforcer la construction européenne. Il faut rappeler que la première année de travail entre François Hollande et Angela Merkel a été émaillée d’incompréhensions et de désaccords sur des sujets essentiels.
Les dossiers qui fâchent
Sur la Grèce, l'Europe du Sud en général, les politiques d’austérité ou sur le budget européen, les divergences ont été nombreuses entre les deux capitales, même si le président français et la chancelière allemande ont toujours pris soin de ne pas montrer publiquement leur désaccord.
Avant de devenir ministre français du Redressement productif, Arnaud Montebourg avait pour sa part eu des mots très durs à l’égard d’Angela Merkel, évoquant alors une « politique à la Bismark ». Aujourd’hui, il juge que « la responsabilité de la France et de l'Allemagne est considérable » : « La responsabilité commune que nous avons est de réorienter l'Europe, de faire en sorte que cette région, qui est la seule zone en récession du monde, redevienne une zone de croissance », a-t-il commenté ce lundi.
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Aujourd’hui, c’est donc une nouvelle page qui s’ouvre. Le président français veut redonner un nouvel élan au couple franco-allemand. L’absence à court terme de scrutin national dans les deux pays pourrait favoriser ce dessein car pour Paris, l’Europe ne peut avancer sans un axe franco-allemand fort.
Le président français a d'ailleurs invité Angela Merkel à Paris, « dès que le gouvernement sera formé afin de préparer les échéances à venir », en vue d'échanger sur ces sujets.
Thierry Repentin, ministre français délégué aux Affaires européennes, a pour sa part dit ses espoirs de changement de cap dans la politique européenne allemande. Il a jugé qu’une « grande coalition avec un poids du SPD - mais on va le voir dans les négociations que le SPD va conduire avec Mme Merkel - va insérer dans la politique allemande des éléments qui seront en conjonction avec ceux que nous portons sur la scène française. »
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■ En France, des réactions mitigées dans l’opposition
Luc Chatel, ancien ministre et vice-président délégué de l’UMP, a enjoint François Hollande de changer de politique vis-à-vis de l’Allemagne. « Je voudrais me tourner vers le président de la République et lui dire : 'Prenez des initiatives, vous allez gouverner quatre ans avec Angela Merkel, reprenez la main', 'Allez vers la fédération franco-allemande' », a-t-il déclaré sur LCI.
Le Parti de Gauche, qui critique le SPD qui « aurait pu choisir une autre alliance majoritaire avec Die Linke et les Verts » fait, dans un communiqué, le parallèle avec le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. « La grande leçon du scrutin allemand est celle-ci : le social-libéralisme est le fossoyeur de la gauche et ne sert plus à rien pour le peuple », écrit le Parti de gauche. Le SPD est aussi la cible des critiques du Parti communiste français : « SPD et Verts refusent a priori toute coalition avec Die Linke, qui pourtant, s'affirme comme troisième force politique du pays. C'est un choix qui tourne le dos aux besoins des classes populaires d'Allemagne et d'Europe », écrit le PCF dans un communiqué.
Au Front national, Marine Le Pen a pour sa part salué le score d'Alternative pour l'Allemagne (AfD), qu'elle qualifie de « percée ». Le parti anti-euro, qui a réalisé 4,7 %, a « presque réussi à entrer au Bundestage (...) ça prouve que les choses changent », a-t-elle commenté sur France Info.