Outre l'épluchage des comptes, les experts de la Troïka - l'Union européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne - vont se pencher sur la restructuration de la fonction publique. Mais les syndicats des fonctionnaires s'opposent à l'application d'un vaste plan qui prévoit la mutation de 25 000 fonctionnaires avec une baisse de 25 % de leur salaire durant 8 mois, ainsi que 4 000 licenciements.
Climat social tendu
Les principaux syndicats de fonctionnaires appellent à la grève à partir de lundi avec toujours le même mot d'ordre : « Non à l'austérité ». Le premier ministre, Antonis Samaras, espère lui aussi éviter de nouvelles coupes budgétaires qui pourraient mettre à mal la stabilité politique du pays. Les négociations avec ses partenaires s'annoncent serrées et pourraient se durcir après la réunion de l'Eurogroupe du 13 octobre, lorsqu'il faudra aborder la dette et les mesures fiscales.
La question d'un troisième plan d'aide a déjà été évoquée, mais repoussée à cause des élections allemandes. Un sujet brûlant qu'Angela Merkel a préféré éviter pendant sa campagne, mais qui pourrait bien revenir sur la table très rapidement. Ce nouvel audit coïncide en effet avec le jour du résultat des élections en Allemagne, premier contributeur européen du plan de sauvetage.
L'hypothèque allemande
Ces derniers mois, tout semblait bloqué dans l'attente de l'élection en Allemagne, explique notre correspondante à Athènes, Amélie Poinssot. Le gouvernement grec attend le versement d'une tranche de 1 milliard d'euros dans le cadre des versements du prêt de la Troïka décidé l'an dernier. Les experts de Bruxelles et du FMI donnerons -ou non- leur feu vert à son versement en fonction de l'avancée des réformes.
Mais à plus long terme, deux choses doivent encore être décidées : l'octroi d'un probable nouveau prêt, d'un montant de 10 milliards d'euros, afin de combler un trou budgétaire qui va apparaître dans les comptes grecs en 2014. Et une probable restructuration, si ce n'est un effacement partiel, de la dette grecque.
Des économistes de tous bords s'accordent à dire que cette dette reste insoutenable, et jusqu'à présent, le gouvernement allemand évitait soigneusement de se prononcer sur le sujet. Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, quand il est venu à Athènes en juillet a certes parlé d'une aide à la Grèce en 2014, mais il n'avait pas apporté de précisions. Angela Merkel, dimanche soir, a d'ailleurs à nouveau évoqué un programme d'aide, mais elle a aussi souligné « qu'on ne pouvait pas relâcher la pression sur les réformes ». Et c'est sans doute bien cela que les Grecs vont retenir.
La presse grecque titre sur la « victoire » d'Angela Merkel
Comme ailleurs en Europe, les journaux soulignent le « triomphe » de Merkel. «Triomphe de la reine de l'austérité», titre en Une le journal centriste Ta Nea, qui met en scène un photomontage de la chancelière tout sourire sur un trône. Le quotidien populaire Ethnos tempère en écrivant que ce n'est pas tant une victoire de la CDU qu'une défaite des sociaux-démocrates.
Et si certains, peut-on lire dans ses colonnes, avaient l'illusion que la situation pouvait s'améliorer dans le cadre d'une coalition avec le SPD, il n'en sera rien : le score des conservateurs est écrasant, «Merkel et Schäuble pourront continuer à faire ce qu'ils veulent. Une vague de peur s'est étendue depuis hier sur toute l'Europe».
Le site alternatif TVXS est aussi très critique : avec ce score, peut-on lire, Merkel ne reviendra pas sur sa «stratégie du fouet» envers les pays endettés, puisque « c'est cette stratégie qui lui a assuré la victoire ». Le journal conservateur Kathimérini publie, lui, une analyse en forme de défi pour la chancelière: « désormais, elle a les coudées franches pour mener une politique courageuse en Europe et dans son propre pays (...) Elle a le luxe de construire sa réputation posthume, écrit l'éditorialiste. Et elle dispose de beaucoup de temps : 4 années entières ».