Les chiffres du procès Ergenekon sont impressionnants : 275 prévenus, dont 66 actuellement emprisonnés. Parmi eux, des journalistes, des chefs de la pègre et des généraux, et notamment l'ancien chef d'état-major Ilker Basbug, qui rejette toutes les accusations. C'est en 2007 que ce réseau présumé a été mis à jour, lors d'une opération anti-terroriste dans un bidonville d'Istanbul, où des armes et des explosifs ont été découverts.
Depuis, d'autres procès contre des groupes de conspirateurs supposés ont été ouverts, et dans le premier à atteindre un verdict, 300 officiers ont écopé de 16 à 20 ans de prison - ce qui a sévèrement entamé le prestige de l'armée, qui pendant des décennies s'est voulue la gardienne des valeurs laïques de la République turque.
Montage
Pour les proches de la mouvance islamo-conservatrice au pouvoir, ces procès s'inscrivent dans les efforts du gouvernement pour instaurer l'Etat de droit et limiter l'influence de l'armée, responsable de trois coups d'Etat depuis 1960. Mais pour les défenseurs de l'héritage politique d'Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne, il s'agit en fait d'un montage destiné à écarter les opposants pro-laïcité.
Dans ce procès Ergenekon (du nom d'une vallée d'Asie centrale d'où serait issu le peuple turc), l'acte d'accusation prévoit la prison à vie pour 64 des accusés. Les autorités ont renforcé les mesures de sécurité aux abords du tribunal de Silivri, par crainte de violences. Les sympathisants des accusés ne seront d'ailleurs pas autorisés à manifester.