Vagues d'arrestations en Turquie où se développe une nouvelle manière de contester

Plus les jours passent, plus la tension baisse dans les rues d’Istanbul. Trois jours après la violente intervention de la police pour déloger les occupants du parc Gezi, qui jouxte la place Taksim, la situation semble presque revenue à la normale. Pourtant, les arrestations se multiplient.

Avec notre envoyé spécial et notre correspondant à Istanbul

Mardi 18 juin, en fin d’après-midi, la plate-forme Solidarité Taksim a dénoncé une véritable « chasse aux sorcières » dont le bilan s’alourdit « d’heure en heure », appelant les autorités à mettre fin à ces pratiques anti-démocratiques.

Le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur n’avaient pas fait mystère de leur volonté de poursuivre tous ceux qui s’étaient associés de près ou de loin à la contestation. Ils tiennent donc parole. Depuis au moins 48 heures, les rafles se poursuivent un peu partout dans le pays.

Après les centaines d’arrestations du week-end, dès avant l’assaut du parc Gezi samedi dernier, ce sont depuis ce mardi matin des militants de gauche et d’extrême gauche qui sont cueillis à leur domicile ou sur leur lieu de travail, après avoir été identifiés par des caméras de surveillance.

Prochaine vague : les utilisateurs de réseaux sociaux

Des médecins et des étudiants ont aussi été arrêtés. En début d’après-midi, le ministre de l’Intérieur Muammer Güler a annoncé 62 interpellations à Istanbul et 25 à Ankara. Dans d’autres villes aussi, des personnes ayant pris part aux manifestations ont été emmenées en garde à vue.

D'autres seraient toujours recherchées. Une trentaine de suspects, poursuivis pour participation à des « actes de provocation et incitation à la violence », attendent d’être placés en détention préventive.

Cette répression ne devrait pas s’arrêter là. Selon les responsables gouvernementaux, la prochaine vague touchera tous ceux qui ont échangé, via les réseaux sociaux, des informations sur la contestation et les manifestations, mais aussi toux ceux qui ont assuré un soutien logistique aux contestataires.

Terminé, le printemps de Taksim ?

A Istanbul, la crainte est omniprésente du côté des manifestants, qui préfèrent ne plus s'exprimer de peur de représailles. Les membres du mouvement ont développé une nouvelle manière de manifester. Muettes et figées en pleine rue, ou sur la fameuse place Taksim, des personnes manifestent leur désaccord avec la politique menée par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qu'elles jugent autoritaire.

Par ailleurs, comme tous les jours depuis l’expulsion des manifestants du parc Gezi, à 21 heures dans les rues d'Istanbul, les gens se mettent à applaudir et scandent des slogans pour rappeler que le mouvement n'est pas terminé.

Si pour l'instant, la situation semble s'être apaisée, une reprise des affrontements le week-end prochain est envisageable. Du côté du gouvernement, on estime néanmoins que le printemps de Taksim est terminé.

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