L'Albanie renouvelle ce dimanche 23 juin son Parlement. C’est un scrutin surveillé de près par l'Union européenne, dans ce pays qui aspire à se rapprocher du bloc des 27 et où, depuis la chute du communisme en 1990, les résultats des élections ont été systématiquement contestés.
Depuis les précédentes législatives de 2009, le pays est d'ailleurs plongé dans une crise politique, l'opposition refusant de reconnaître les résultats du scrutin. Cette situation a ralenti le rapprochement européen de Tirana, à qui Bruxelles à déjà refusé à deux reprises d'octroyer le statut de candidat à l'adhésion à l'UE.
Les principaux rivaux - une coalition de droite formée autour du Premier ministre sortant, Sali Berisha, et une autre de l'opposition menée par le socialiste Edi Rama -, prônent unanimement l'adhésion à l'UE ainsi que le redressement d'une économie sinistrée.
Le statut de candidat à l'adhésion en jeu
Dans ce pays où les sondages d'opinion sont peu crédibles, les deux camps ont promis la victoire à leurs sympathisants. Mais le paysage politique est figé depuis de nombreuses années. D’un côté, le gouvernement de Sali Berisha et ses démocrates de droite en place depuis huit ans ; de l’autre, les socialistes et leur leader Edi Rama, ancien maire de Tirana. En tout, il y a pas moins de 66 partis en lice, ainsi que plusieurs candidats indépendants. Dimanche, sur les plus de 3,2 millions d'électeurs, 150 000 voteront pour la première fois dans les 5 000 bureaux de vote. Ils auront à choisir 140 députés, élus à la proportionnelle pour un mandat de quatre ans.
Ce scrutin est crucial pour l'avenir européen de l'Albanie. L'UE a clairement fait savoir qu'elle souhaitait que les élections se déroulent conformément aux normes européennes. Faute de quoi, Tirana se verrait refuser le statut de candidat à l'adhésion pour une troisième fois consécutive. « Les dirigeants albanais ont la responsabilité commune de créer les conditions pour que les résultats du scrutin soient acceptés par tous », ont averti la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, et le commissaire à l'Élargissement, Stefan Füle.
Sortir de l'impasse politique
Ces élections législatives sont un test important pour l’Albanie. Le pays est plongé dans une impasse politique depuis le refus de l'opposition de reconnaître les résultats des dernières législatives, il y a quatre ans. Les problèmes risquent de surgir lors du dépouillement des voix. Tout dépendra de la manière dont les partis vont contrôler le scrutin et le processus électoral. Quelque 3.000 observateurs vont surveiller le scrutin dont les premiers résultats non-officiels doivent être communiqués lundi. « Le caractère démocratique des élections est compromis tant que la Comission électorale centrale ne sera pas perçue par les Albanais comme une instance impartiale », ont mis en garde des représentants du Conseil de l'Europe, en visite à Tirana.
Durant la campagne, M. Berisha, 69 ans, qui domine le paysage politique depuis plus de 20 ans, a promis une augmentation de 6% des salaires et des retraites. Une mesure qui entrerait en vigueur après les élections. Tandis que M. Rama, leader du Parti socialiste depuis 2005, a appelé les électeurs à « tourner la page de la corruption et de la pauvreté » dans le pays. Dans les rangs des jeunes électeurs, l'espoir est surtout d'en finir avec les querelles politiciennes. Ils aspirent à se tourner vers l'avenir, vers l'Europe, et voudraient voir leurs hommes politiques œuvrer sérieusement à l'intérêt de tous.