Turquie: les contestataires espèrent un mouvement durable

La proposition de Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc, d'organiser un référendum à Istanbul sur l’avenir du parc Gezi, qui jouxte la place Taksim, n’a pas enchanté les manifestants qui continuent d’occuper pacifiquement ce lieu désormais mythique. Si cette proposition est bien accueillie par certains, elle ne devrait cependant pas mettre fin à la contestation. Ce jeudi 13 juin, dans la soirée, une rencontre était en cours entre Recep Tayyip Erdogan et des représentants des manifestants. 

Avec notre envoyé spécial à Istanbul,

La proposition du Premier ministre d’organiser un référendum sur l’avenir de la place Taksim et, plus précisément, sur celui du parc Gezi est accueilli diversement par les participants au mouvement de contestation à Istanbul.

Hakan, étudiant de 24 ans d’origine kurde qui s’est joint à la contestation dès le premier jour, est d’accord avec l’initiative, mais il estime que la démocratie ne se résume pas à ce type de consultation. « Un référendum peut se tenir. Il reflétera l’opinion d’une majorité. Mais la démocratie ce n’est pas seulement ce que dit la majorité. Le Premier ministre répète que 50 % de la population le soutient. Mais s’il y a 50 % de personnes qui ont voté pour lui, ça veut dire qu'il y en a 50 % qui n’ont pas voté pour lui. Il doit prendre en compte ces 50 % là », expose-t-il.

Espoir des contestataires de maintenir la cohésion

Tamer, un autre manifestant, imprimeur de 47 ans, est également d’accord avec cette consultation mais, selon lui, cette proposition arrive trop tard. « Il y a eu plusieurs revendications depuis le début du mouvement auxquelles le gouvernement aurait du répondre. Au lieu de ça, le pouvoir a provoqué cette tension et à semé la terreur. Il a imposé sa décision concernant ce projet. Malgré ça, il s’agit d’un référendum. Il faut l’accepter et s’organiser pour mettre en place une campagne afin que ce mouvement perdure. »

Comme l’explique Tamer, « ce mouvement doit continuer » et le référendum, bien que contesté, « doit permettre de cimenter ce collectif qui s’est mis en place il y a maintenant deux semaines ». Une solidarité à laquelle la Turquie n’était jusqu’à présent pas habituée.

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