L’économiste russe Sergueï Gouriev s’estime persona non grata en Russie

Sergueï Gouriev n’est pas près de retourner en Russie. L'économiste de renom, qui a récemment quitté son poste de recteur de la prestigieuse Nouvelle école russe d’économie, a décidé de s'exiler en France. Il affirme avoir été victime de pressions de la part du puissant Comité d'enquête chargé des investigations pour les dossiers criminels sensibles. Et les propos tenus par Vladimir Poutine sur son sujet ne l’ont pas vraiment rassuré.

Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio

« C'est un homme libre, s'il veut vivre à Paris, qu'il vive à Paris. Personne ne chasse, personne n'expulse, personne ne menace », a répondu Vladimir Poutine aux journalistes européens qui lui ont posé, à deux reprises, une question sur Sergueï Gouriev lors de la conférence de presse organisée à l’issue du sommet Union européenne-Russie. « Sa femme vit et travaille à Paris. Personne ne le menaçait, il va souvent la voir », a complété Vladimir Poutine, en prenant soin de préciser que l’affaire avait été, selon lui, surmédiatisée et qu’il avait appris son nom il n’y a pas longtemps.

Un rapport trop critique

Sergueï Gouriev est une figure reconnue dans le milieu des économistes libéraux. Il avait un temps été conseiller de Dimitri Medvedev. La semaine dernière, il avait annoncé qu’il s’était réfugié à Paris, après avoir, à plusieurs reprises, été interrogé par des membres du Comité d'enquête à propos d’un rapport qu’il a cosigné. Rapport dans lequel il juge infondée la deuxième condamnation infligée à Mikhaïl Khodorkovski, l’ancien patron du groupe pétrolier Ioukos, emprisonné pour fraude fiscale depuis 2005.

Sergueï Gouriev, qui ne cache par ailleurs pas ses sympathies pour l’opposant Alexeï Navalny, affirme ne plus se sentir en sécurité en Russie. « Les contacts que j'ai eus récemment avec le Comité d'enquête montrent très clairement que, dans la Russie d'aujourd'hui, même quelqu'un qui n'a rien fait de mal risque de perdre sa liberté », a ajouté l'économiste.

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