Allemagne: un recensement qui bouscule certaines certitudes des démographes

Pour la première fois depuis la réunification, la République fédérale d’Allemagne (RFA) a procédé il y a deux ans à un recensement qui a permis d’affiner et, parfois, de corriger sensiblement les actualisations pratiquées depuis 25 ans. Les résultats présentés en fin de semaine dernière révèlent quelques surprises et fournissent des éléments actuels sur la société allemande qui auront également des conséquences pour certaines collectivités locales.

La principale surprise de ce recensement réside dans le chiffre de la population résidant en Allemagne, qui doit être revu à la baisse dans une proportion qui a surpris les experts. On estimait jusqu’à présent que 81,8 millions de personnes vivaient en RFA. Or les chiffres fournis par le dernier recensement ne sont que de 80,2 millions, soit une différence notable.

Manque de fiabilité des registres municipaux

Elle s’explique surtout par le manque de fiabilité des registres municipaux sur lesquels les habitants doivent s’inscrire quelques jours après un déménagement. La loi n’oblige plus les habitants à se désinscrire de leur commune d’origine, d’où des doublons statistiques. Ces derniers concernent surtout les étrangers. Lors d’un retour dans leur pays d’origine, ils ont peut-être des choses plus urgentes à régler. Et pour les non-ressortissants de l’Union européenne, une désinscription peut impliquer la perte d’un titre de séjour en Allemagne.

Un cinquième de la population a des origines étrangères

Cela explique que le nombre d’étrangers vivant en Allemagne a, lui aussi, été revu à la baisse. Un million de personnes ont ainsi disparu des statistiques après ce recensement. À l’arrivée, la RFA compte aujourd’hui 74 millions de personnes disposant de la nationalité allemande et six millions d’étrangers. Un cinquième de la population a des origines étrangères.

Moins de logements

Par ailleurs, les ajustements à la baisse. Cela concerne aussi le logement. D’un coup, l’Allemagne compte 500 000 logements de moins, ce qui peut s’expliquer par des destructions d’immeubles à l’Est ou des logements regroupés pour n’en faire qu’un.

Autre enseignement, catholiques et protestants, les deux principales religions du pays, sont toujours au coude-à-coude avec chacune près de 25 millions d’adeptes. Au total, les deux tiers des Allemands se disent chrétiens.

Un cinquième de la population a plus de 65 ans

Quant au vieillissement de la population allemande et ses conséquences pour l’économie, dont on parle beaucoup, il est confirmé avec des chiffres, eux, déjà connu : un cinquième de la population actuelle a plus de 65 ans.

Les conséquences de la baisse de la population pour les collectivités locales

Un certain nombre de transferts sont liés au nombre d’habitants. Cela vaut pour les subventions que touchent les communes de la part de la région dont elles font partie. Mais aussi, entre les régions elles-mêmes, avec un système de péréquation financière qui implique des versements de la part des Länder les plus riches au profit des plus pauvres. Si ces dernières régions perdent des habitants, leur soutien va donc être revu à la baisse.

Cela vaut particulièrement pour la ville-Etat de Berlin. La capitale allemande voit sa population baisser sensiblement et passer de 3,5 à 3,3 millions d’habitants. La ville, pauvre et en difficultés financières, fait partie des régions soutenues par ses homologues les plus riches. Ce soutien va donc être revu à la baisse à l’avenir, d’où des réductions budgétaires à attendre. Mais le recensement datant de 2011, la ville va même devoir déjà rembourser un demi-milliard par an, pour l’année en cours et 2012.

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