Avec notre correspondant à Nicosie, Michel Picard
Jusqu'à maintenant cantonné à son rôle spirituel dans un pays à 98 % orthodoxe, le patriarche Chrysostomos est entré dans la sphère politique et économique. Le chef de la puissante Eglise orthodoxe, très écouté dans l'île, reproche au ministre des Finances et au gouverneur de la Banque centrale de n'avoir rien fait pour éviter la restructuration du système bancaire.
Selon ses dernières estimations, l'Eglise va perdre plus de 100 millions d'euros. Premier propriétaire foncier du pays, l'Eglise orthodoxe possède des hôtels et d'importantes participations dans des sociétés, comme la Hellenic Bank dont elle détient 30 % ou la marque de bière Keo, qui commercialise aussi du vin et dont elle détient plus de 20 % des parts.
C'est donc en financier avisé que le patriarche Chrysostomos a voulu pointer les responsables à ses yeux d'une crise qui va lui coûter très cher. Il a par ailleurs saisi la justice pour s'opposer aux saisies des avoirs de l'Eglise à la Bank of Cyprus, et rappelle à qui veut l'entendre qu'au plus fort de la crise, il avait proposé tous les biens de l'Eglise en hypothèque pour garantir un nouveau prêt international.