Sous l'œil des caméras, la vie quotidienne du Parlement polonais n’en finit pas de dériver vers la politique spectacle. Parfois pour le plus grand plaisir des téléspectateurs. Quand ils ne sont pas tout simplement consternés.
Les hommes politiques polonais se mettent en quatre pour rester sous les feux de la rampe. La surenchère pousse de plus en plus souvent à des dérapages... pas toujours du meilleur goût. Dernier exemple en date, la réunion de la commission des Affaires étrangères le 21 mars 2013. L'objet de la séance, à première vue banale, la nomination de l'ambassadeur de Pologne en Espagne a pourtant viré à la bataille rangée entre la Plateforme civique au pouvoir et les conservateurs qui n'ont pas hésité à accuser le candidat au poste diplomatique, Tomasz Arabski, d'être responsable de la catastrophe aérienne à Smolensk qui a coûté la vie à 96 personnes dont l'ancien président polonais.
Au moment des faits, Tomasz Arabski a été chef de cabinet du Premier ministre, nommé ensuite à la tête de la commission qui devait faire toute la lumière sur les circonstances de la catastrophe. Il est devenu, depuis, la bête noire des conservateurs qui soutiennent la théorie du complot russe comme raison de la catastrophe.
Une véritable foire d'empoigne
Les stars incontestées des sorties fracassantes demeurent pourtant Jaroslaw Kaczynski, le chef de file des conservateurs et Janusz Palikot à la tête de la troisième force de la Diète, un parti anti-clérical. Le premier n'hésite pas à traiter tout le monde de « traître » et de « menteur » en ramenant systématiquement ses propos à la catastrophe de Smolensk, qui a emporté son frère.
M. Palikot n'y pas va non plus avec le dos de la cuillère, en sous-entendant l'homosexualité de Jaroslaw Kaczynski et en se gaussant des problèmes d'alcool de son frère jumeau de président. Janusz Palikot n'est pas tendre non plus avec les membres de son propre parti : en désaccord avec Wanda Nowicka, féministe, vice-maréchale de la Diète, il a explosé en lui disant qu'elle « cherchait visiblement à se faire violer, mais que ce n'était pas dans ses habitudes ».
Particulièrement révélateur et sanglant, le dernier débat en date sur les unions civiles. En janvier, la Diète a rejeté trois projets, dont un très modéré proposé par la Plateforme civique, la formation du Premier ministre, Donald Tusk, lâché sur ce sujet par ses propres parlementaires. Le vote a dégénéré en un débat houleux visant personnellement la députée transsexuelle Anna Grodzka. Une députée conservatrice n'a pas hésité à lui dire : « Il ne suffit pas de bouffer des hormones pour devenir une femme ! ».
Et, cerise sur le gâteau, il y a quelques jours, c'est l'ancien héros de Solidarnosc, Lech Walesa qui s'est fendu d'un commentaire sur les homosexuels : « Les députés homosexuels devraient être assis aux derniers rangs, voire hors des murs du Parlement », car ils ne sont « qu’une petite minorité », a ainsi déclaré l'ancien président à la télévision provoquant une levée de bouclier chez les associations gays et lesbiennes... En Pologne, le -mauvais- spectacle continue...