Avec notre correspondant à Nicosie, Michel Picard
La confiance dans la classe politique s’érode. Il était plus de minuit quand le ministre de l’Economie, Michalis Sarris, a annoncé une prolongation de la fermeture de ses banques. De nombreux Chypriotes avaient prévu de se lever au petit matin pour faire la queue au guichet. Et ce matin devant ces guichets, on ne voit uniquement que des chaînes de télé internationales.
Officiellement, le gouvernement a suivi les conseils du gouverneur de la Banque centrale chypriote, Panicos Demetriades, pour permettre d’assurer le bon fonctionnement de tout le système bancaire. En fait, les autorités veulent du temps pour rassurer les habitants. Ce lundi soir, le président a dû qualifier de « douloureuses » ces décisions, tout en promettant que le pays se remettrait sur pied.
Chômage
Le ministre du Travail, Harris Georgiades, prévoit maintenant une très forte hausse de chômage qui a pourtant déjà doublé en deux ans, atteignant 14%. Un niveau jamais vu à Chypre.
Après une réaction de soulagement de sortir d’une période d’incertitude, de nombreux Chypriotes dans les rues de Nicosie confiaient leur inquiétude pour l’avenir, car ce ne sont pas seulement des employés du secteur bancaire qui vont se retrouver au chômage. Les comptes de plus de 100 000 euros chez Laiki ou Bank of Cyprus n’appartiennent pas uniquement aux citoyens russes.
De très nombreuses entreprises vont payer la note avec des pertes de 30 à 50% de leurs dépôts, ce qui inévitablement entraînera un ralentissement de l’économie, des faillites, des pertes d’emploi. Le sort de la compagnie aérienne Cyprus Airways est ainsi très incertain.
L’ancien gouverneur de la Banque centrale chypriote, Afxentis Afxentiou, le résume en quelques mots : « Chypre a pris un gros coup et il faudra au moins dix ans pour retrouver notre niveau de vie. »