Avec notre bureau de Bruxelles et notre correspondant à Chypre, Michel Picard
Le plan de sauvetage de Chypre porte sur dix milliards d’euros. C’est loin des dix-sept milliards réclamés par le pays. C’est également bien en deçà des plans consentis pour le Portugal, l’Irlande, la Grèce ou le secteur bancaire espagnol mais la taille de l’économie chypriote est bien inférieure à celle de ces pays.
Même si le plan évite de recourir à un effacement de la dette, les déposants du volumineux secteur bancaire de l’île seront durement touchés. Deux taxes vont être imposées avec d’abord l’introduction d’un système de retenues à la source sur les intérêts du capital ; mais il y aura aussi et surtout une ponction exceptionnelle sur les dépôts bancaires à hauteur de 6,75%, en dessous de 100 000 euros et 9,9% au-dessus.
Comptes bloqués
Les soupçons de blanchiment d’argent par le secteur bancaire chypriote sont à l’origine de cette taxe. Elle pourrait rapporter un peu moins de six milliards d’euros. La mort dans l’âme, Chypre a d’ailleurs dû accepter de soumettre ses banques à un audit indépendant au sujet des soupçons de blanchiment.
En échange de cette ponction, le ministre des Finances a promis que chaque épargnant taxé recevrait une participation dans sa banque. Pour éviter que les Chypriotes ne transfèrent leur argent ailleurs, toute transaction électronique est désormais bloquée. La mesure entrera en vigueur mardi matin.
Mais c'est trop pour la population, qui se sent trahie par une mesure annoncée aux premières heures d'un long week-end, ce lundi étant férié à Chypre. Des manifestants se sont rassemblés en masse ce samedi soir devant le palais présidentiel. Le président Anastasiades, moins d'un mois après son élection, va devoir rendre des comptes lors de son allocution de ce dimanche.