Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Devant les journalistes russes et étrangers, Andreï Lougovoï brandit un document qu’il présente comme un compte rendu de la police britannique sur les circonstances de la mort d’Alexandre Litvinenko.
« J'ai lu ce document, et je ne vous cacherai pas que j'ai été horrifié », s’emporte-t-il. « Pas parce que ce document comportait des faits contre moi, mais parce que j'y ai vu un concentré de délires qui ne correspond pas à l'idée que je me faisais du travail de Scotland Yard. J'ai clairement compris pourquoi, durant toutes ces années, la partie britannique n'a trouvé aucune preuve sur cette affaire Litvinenko. »
Andreï Lougovoï, aujourd’hui député d’un parti nationaliste, est réclamé depuis des années par la justice britannique. Mais la Russie refuse de l’extrader. Cet ancien agent du KGB a pris le thé avec Alexandre Litvinenko le jour présumé de son empoisonnement au polonium à Londres.
Une décision de William Hague critiquée de toutes parts
Il a décidé de se retirer de l’enquête après la décision du ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, d'empêcher que des preuves liées à cette affaire ne soient rendues publiques, justifiant cette décision par des raisons de sécurité. « Après ça, je n'ai plus aucun doute que Londres ne donnera jamais la possibilité de découvrir la vérité sur l'affaire Litvinenko », juge Andreï Lougovoï. « J'ai définitivement perdu la foi en la possibilité d'une enquête impartiale sur cette affaire soit en Grande-Bretagne. »
La décision du gouvernement britannique de garder certains documents secrets a également été dénoncée par des médias britanniques et par la famille Litvinenko, mais pour d'autres raisons. Fin février, l'avocat de sa veuve, Marina Litvinenko, avait affirmé que le Royaume-Uni cherchait à garder secrètes des informations concernant la mort d'Alexandre Litvinenko, afin de ne pas affecter des accords commerciaux avec la Russie.
L’affaire Litvinenko sera sans doute évoquée ce mercredi 13 mars à Londres par les ministres russes des Affaires étrangères et de la Défense, qui doivent être reçus par leurs homologues britanniques.