Avec notre correspondant à Madrid,François Musseau
« Délinquant », « voleur », « truand ». Ce sont quelques-uns des noms d'oiseau que l'on pouvait entendre alors que Luis Barcenas, un quinquagénaire robuste, faisait son entrée dans l'Audience nationale, à Madrid.
Les nerfs sont à vif dans une Espagne en pleine récession, où a éclaté le pire scandale de corruption de ces deux dernières décennies. Le motif : des documents publiés la semaine dernière par le quotidien El Païs qui porterait la signature de ce même Barcenas, l'ancien trésorier, et indiquerait des sommes d'argent noir distribués à des dirigeants.
« Non », a dit l'intéressé devant les juges. « Non », il n'y a jamais eu de trésorerie B, c'est-à-dire de trésorerie occulte. « Non », a t-il ajouté, ce n'est pas mon écriture. Barcenas a donc tout nié en bloc. L'ennui, c'est que des experts affirment que la calligraphie correspond bien à celle de l'ancien trésorier.
Luis Barcenas est donc dans une situation critique, d'autant qu'un ancien député du Parti populaire a, lui, certifié devant les juges que ces documents sont le reflet fidèle de versements d'argent noir aux dirigeants du parti.
Barcenas n'en a donc pas fini avec la justice, de quoi inquiéter encore plus le chef du gouvernement, Mariano Rajoy.