La tonalité à Bruxelles, c’est que David Cameron a franchi le Rubicon et que les choses sont désormais claires. Faute de mieux, quelques-uns exhortent le Royaume-Uni à rester membre à part entière de l’Union européenne, d’autres s’indignent que l’on puisse un seul instant faire son marché dans une Europe à la carte.
Le président du groupe libéral au Parlement européen, Guy Verhofstadt, estime que David Cameron joue avec le feu. Beaucoup s’étonnent d’une contradiction dans l’exposé de David Cameron qui s’est longuement étendu sur les vertus du marché unique européen, ce que l’on peut comprendre puisque c’est vers ce dernier que va une bonne moitié des exportations britanniques. Mais David Cameron s’en est pris peu après, sans ménagement, au mécanisme de régulation qui se met en place en ce moment pour, précisément, garantir le bon fonctionnement de ce même marché unique.
Autre erreur factuelle : David Cameron s’est plaint de l’inexistence d’un Conseil des ministres européens chargé du marché unique. Or, ce marché existe bel et bien sous le nom de Conseil compétitivité. Enfin, juristes et politiques ici se rejoignent sur un point, c’est que le rapatriement à Londres de compétences dévolues aux institutions européennes par le Royaume-Uni est tout simplement inenvisageable.
En France, les avis divergent
Bien sûr, la position de la Grande-Bretagne a toujours été un peu particulière en Europe - un pied dedans, un pied dehors -, estiment certains députés. Une position qui exaspère le socialiste Henri Emmanuelli : « Moi, je trouve quand même assez gênante la position qu'ils ont, 'l'Europe, on prend ce qui nous arrange et on laisse ce qui nous pose problème'. Il faut qu'ils comprennent qu'il a quand même des limites à ce genre d'exercice ».
Pour le chef du groupe PS à l'Assemblée, Bruno Le Roux, cette limite est toute trouvée. « Moi, je souhaite qu'ils puissent rester, clairement, au sein de l'Europe », affirme-t-il. Une position que partage l'UMP Hervé Mariton. Mais lui va même plus loin en estimant que David Cameron n'a pas tort sur tout. « Ne méprisons pas les questions que posent David Cameron. Ecoutons même ce qu'il dit, qui est parfois recevable. Est-ce que l'Europe ne doit pas un peu nettoyer ses compétences, des sujets en plus, des sujets en moins ? », s'interroge ainsi Hervé Mariton.
Repenser une Europe en panne et lui redonner un coup de fouet en sollicitant l'avis des peuples, l'idée ne déplaît pas à l'UMP Patrick Ollier. « Que monsieur Cameron veuille avoir une vérification par rapport au peuple, c'est une bonne chose. D'ailleurs, au passage, si monsieur Hollande avait la bonne idée de convoquer le peuple français pour faire un référendum sur le mariage pour tous, ce serait une bonne idée. Vive le peuple ! », s'exclame l'ancien ministre, oubliant ces considérations européennes pour revenir à ses préoccupations nationales. Décidément, tout est bon pour revenir à la politique politicienne.