Royaume-Uni: le débat perdure sur le droit de vote des prisonniers

Le gouvernement britannique a présenté devant ses députés une proposition de loi sur le droit de vote des prisonniers, après avoir épuisé tous ses recours face à la Cour européenne des droits de l’homme, qui estime qu’en empêchant ses détenus de voter, Londres contrevient aux libertés fondamentales. Londres avait jusqu’à demain vendredi 23 novembre pour se conformer aux arrêts de la cour. Néanmoins David Cameron, le Premier ministre britannique, a d’ores et déjà prévenu que les prisonniers n'auraient pas le droit de voter sous son gouvernement. La question est donc loin d’être résolue…

Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

Pressé par le temps, face à l’injonction de la cour européenne, le ministre de la Justice britannique a surtout cherché à gagner du temps. La proposition de loi annoncée ce jeudi 22 novembre présente aux parlementaires trois options : maintenir l’interdiction actuelle, ou bien accorder le droit de vote aux prisonniers purgeant une peine de six mois, ou enfin accorder le vote à ceux purgeant une peine de quatre ans.

Mais les députés ne devraient pas avoir à voter sur ce projet avant mai 2014, peu avant les élections générales de 2015, autant dire que la loi a peu de chance d’aboutir avant longtemps. Le gouvernement de David Cameron n’a donc fait que repousser le problème, car il sait que le Parlement, majoritairement opposé au vote des détenus, n’a aucune intention de changer d’avis. Le Premier ministre lui-même a été on ne peut plus clair en déclarant que l’idée de leur accorder le vote le rendait « physiquement malade ».

Néanmoins, certains ont prévenu que le Royaume-Uni devait s’attendre à voir sa réputation ternie au sein de la communauté internationale en ne respectant pas une convention signée au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Qui plus est, le défi britannique à la cour de Strasbourg pourrait s’avérer extrêmement coûteux, car le gouvernement risquerait de devoir payer, dès lors, des centaines de millions de livres de dommages et intérêts aux prisonniers qui ont attaqué l’Etat en justice.

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