Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Pressé par le temps, face à l’injonction de la cour européenne, le ministre de la Justice britannique a surtout cherché à gagner du temps. La proposition de loi annoncée ce jeudi 22 novembre présente aux parlementaires trois options : maintenir l’interdiction actuelle, ou bien accorder le droit de vote aux prisonniers purgeant une peine de six mois, ou enfin accorder le vote à ceux purgeant une peine de quatre ans.
Mais les députés ne devraient pas avoir à voter sur ce projet avant mai 2014, peu avant les élections générales de 2015, autant dire que la loi a peu de chance d’aboutir avant longtemps. Le gouvernement de David Cameron n’a donc fait que repousser le problème, car il sait que le Parlement, majoritairement opposé au vote des détenus, n’a aucune intention de changer d’avis. Le Premier ministre lui-même a été on ne peut plus clair en déclarant que l’idée de leur accorder le vote le rendait « physiquement malade ».
Néanmoins, certains ont prévenu que le Royaume-Uni devait s’attendre à voir sa réputation ternie au sein de la communauté internationale en ne respectant pas une convention signée au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Qui plus est, le défi britannique à la cour de Strasbourg pourrait s’avérer extrêmement coûteux, car le gouvernement risquerait de devoir payer, dès lors, des centaines de millions de livres de dommages et intérêts aux prisonniers qui ont attaqué l’Etat en justice.