Avec notre bureau à Bruxelles et AFP
La galerie publique du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a beau être séparée de la salle d’audience par une paroi de vitre blindée qui bloque aussi les sons, les démonstrations bruyantes de satisfaction ou de mécontentement y sont interdites, comme dans tout tribunal.
Pourtant ce matin, beaucoup de Croates étaient venus soutenir les généraux Ante Gotovina et Mladen Markac. Ils n’ont pu se retenir de laisser bruyamment éclater leur joie à l’annonce de l’acquittement.
Au terme de 45 minutes de lecture du résumé du jugement en appel, le président de la cour d’appel qui est aussi le président du tribunal, a annoncé que la condamnation en première instance était annulée. Ante Gotovina et Mladen Markac avaient été condamnés à 24 et 18 ans de prison, respectivement, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, contre des Serbes de leur pays lors de la guerre de Croatie (1991-1995).
Pour la cour d’appel, contrairement aux conclusions du premier jugement, l’opération « Oluja » (opération « Tempête »), qui a permis la reconquête de la Krajina serbe de la Croatie, ne constitue pas une entreprise criminelle conjointe visant au nettoyage ethnique et à l’expulsion des Serbes.
Après quatre ans de cavale, puis son arrestation dans un hôtel de luxe aux Canaries en 2005, Ante Gotovina est désormais libre. « M. Gotovina est retourné au centre de détention pour préparer ses bagages », a déclaré à la presse Gregory Kehoe, l'avocat de l'ancien général croate, se disant « ravi » du jugement.
A Zagreb, la capitale croate, la nouvelle a été accueillie par des manifestations de joie de la foule rassemblée devant des écrans géants spécialement installés pour suivre le verdict.
La Serbie, en revanche, a aussitôt dénoncé cet acquittement, lequel devrait renforcer le sentiment des Serbes que le tribunal fait preuve de beaucoup moins d’indulgence envers eux qu’envers les Bosniaques et les Croates. Pour le ministre serbe Rasim Ljajic, chargé de la coopération avec le TPIY, le tribunal de La Haye « a perdu toute crédibilité ». « La décision d'aujourd'hui est une preuve de justice sélective qui est pire que toute injustice », a déclaré M. Ljajic.