Avec notre correspondante à Moscou, Veronika Dorman
C’est une première victoire pour les anciens otages et les parents des victimes de la tragédie de la Doubrovka. Depuis dix ans, la justice russe refuse de remettre en cause l’opération de sauvetage qui a coûté la vie à 125 personnes. Mais aujourd’hui, un tribunal de Moscou a reconnu qu’une enquête devait être ouverte, comme le prescrit la Cour européenne des droits de l’homme.
Cette dernière a reconnu que l’aide médicale aux otages libérés a été insuffisante et très désorganisée. Les équipes de secours étaient mal coordonnées et emmenaient les victimes dans des hôpitaux déjà bondés. Les médecins ne connaissaient pas la composition du gaz utilisé pour neutraliser les terroristes et n’ont pas pu venir en aide aux asphyxiés. Selon la Cour européenne, les victimes doivent recevoir 1,3 millions d’euros de dédommagements.
Si l’enquête est ouverte, elle doit viser l'ensemble de la cellule de crise, estime pour sa part l’avocat des victimes, Igor Trounov. Aussi bien les chefs des forces d’assaut que les médecins, et le maire de Moscou de l’époque, Iouri Loujkov.
A cause des délais de prescription, personne ne sera condamné à des peines de prison. En revanche, Me Trounov espère que si les fonctionnaires sont reconnus coupables, l’Etat russe prendra ses responsabilités pour dédommager enfin les plaignants.