Avec notre correspondante à Moscou, Anastasia Becchio
Assis à l’extrémité d’une grande table, en présence de hauts responsables locaux, et de mères de disparus, Ramzan Kadyrov tance les défenseurs des droits de l’homme, les accusant d’être venus en Tchétchénie pour aider les rebelles et pour déstabiliser la république. La scène a longuement été diffusée par la télévision tchétchène.
Depuis l’assassinat à l’été 2009 de Natalia Estémirova, enlevée à Grozny, la présence de défenseurs des droits de l’homme a été réduite à un groupe mobile de trois personnes. Ce nouvel épisode est destiné à faire pression sur eux, mais aussi sur les victimes. C'est ce qu'estime Tatiana Lokshina, spécialiste du Caucase au sein de Human Rights Watch : « Sur les écrans de télévision, ces personnes sont officiellement déclarées persona non grata. C'est bien sûr un signal aux victimes : évitez-les, vous pourriez souffrir encore plus si vous essayiez de demander de l'aide à ces personnes. C'est tout simplement monstrueux parce qu'aujourd'hui, en réalité, les gens sont tellement effrayés, qu'en fait, ils ont cessé de se plaindre. »
Dans un communiqué, Human Rights Watch appelle la Russie à se conformer à la Convention européenne des droits de l'homme en protégeant ceux qui vont chercher de l'aide auprès du groupe mobile opérant en Tchétchénie. L'ONG note que le président tchétchène est soupçonné d'être personnellement responsable de plusieurs affaires de meurtres et de tortures.