Avec notre envoyé spécial à La Haye, Pierre Benazet
En 1992, Radovan Karadzic avait promis aux Bosniaques musulmans qu’ils subiraient l’enfer et la disparition s’ils faisaient sécession. Vingt ans plus tard, l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie se présente aux juges du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) comme un homme « doux et tolérant » qui a tout fait pour la paix.
« Je suis Radovan Karadzic, s'est présenté l'accusé, docteur en médecine, psychiatre, psychothérapeute, analyste de groupes et homme de lettres. Au lieu de m’accuser pour des événements de la guerre civile, j’aurais dû être récompensé. Et voici pourquoi : parce que j’ai fait tout ce qui était humainement possible pour éviter la guerre. »
Après une heure et demi d’autojustification en guise d’ouverture de sa propre défense, Radovan Karadzic avait convoqué son premier témoin à décharge. Le colonel russe Andreï Demurenko était en 1995 à l’état-major de la Force de protection des Nations unies (Forpronu) à Sarajevo. Son rapport balistique avait mis en doute la version selon laquelle le massacre du marché de Markale aurait été causé par un tir de mortier serbe. Ce massacre avait précipité les frappes occidentales contre les forces serbes assiégeant Sarajevo.